Bilan à mi-parcours de la campagne de Martin Fayulu, candidat à la présidentielle, rumeur d’un rapprochement entre M. Fayulu et le président Tshisekedi, candidature commune de l’opposition… Devos Kitoko, directeur de campagne de Martin Fayulu, se confie à Sahutiafrica.
De Kisangani, passant par Bunia, à Goma et Bukavu. Le candidat numéro 21 s’est, à chaque fois, offert un bain de foule. Alors que Matata Ponyo, ancien Premier ministre congolais, Seth Kikuni, Franck Diongo et Delly Sesanga ont rallié Moïse Katumbi après les discussions de Pretoria, Martin Fayulu, lui, se présente en cavalier solitaire. Il a, ces cinq dernières années, réclamé la « vérité des urnes ». Sans doute, l’homme semble être dans une posture revancharde après les résultats controversés lors de la présidentielle de 2018, remportée par le président Tshisekedi, son allié d’hier.
Martin Fayulu, 67 ans, croit à ses chances, malgré une opposition fissurée face au président Tshisekedi, candidat à sa propre succession, à cette présidentielle prévue ce 20 décembre. Après son meeting à Kalemie dans le sud-est de la RDC, l’opposant, qui n’aura cessé de maintenir une ligne dure vis-à-vis de Félix Tshisekedi, entend prendre le large dans l’ex-grand Equateur. Pour Devos Kitoko, Martin Fayulu paraît clairement l’unique leader qui a « l’adhésion populaire ». Avant la présidentielle, le directeur de campagne de Martin Fayulu est serein. Entretien.
Sahutiafrica : Quel bilan à mi-parcours, faites-vous depuis le début de la campagne électorale du candidat Martin Fayulu ?
Devos Kitoko : Depuis qu’on a commencé dans la ville de Kisangani jusqu’à hier à Kalemie, notre campagne se passe très bien. La communion entre le candidat et son peuple est total, mais surtout inconditionnel. Pas d’argent à distribuer. Pas de t-shirt. Pas quoique ce soit. C’est un peuple qui se reconnaît dans son leader, qui se souvient de son choix de 2018. C’est la revanche de tout un peuple contre un système qui a saboté son choix. On compte onze villes déjà visitées, où partout, ce sont des marrées humaines qui accompagnent le candidat Martin Fayulu.
Comme vous l’aviez vu, avant Kalemie, on était à Uvira. Il y avait une adhésion indescriptible. Je suis très heureux de cette première phase dans les provinces de l’est. Je suis confiant qu’au regard de l’adhésion populaire à la personne du président, de son projet de société, de son programme de gouvernement réparti en dix-huit défis. Donc, je suis très rassuré que le 20 décembre, le peuple va recouvrer sa victoire, volée en 2018, et va reconduire Martin Fayulu à la tête du pays pour les cinq prochaines années.
SA : Comment réagissez-vous à ceux qui estiment qu’il existerait un rapprochement entre le candidat Martin Fayulu et le président Tshisekedi ?
DK : Nous considérons ces allégations de ridicule. Ceux qui les diffusent, on était avec nous au sein de Lamuka depuis 2019. Nous avons déclenché le combat pour la vérité des urnes. Ils ont été incapables de tenir les cinq dernières années contre le régime de Tshilombo. En 2021, M. Katumbi et M. Bemba et bien d’autres, nous ont quittés. M. Katumbi est membre co-fondateur de l’Union sacrée et il en a eu cinq ministères importants : Affaires étrangères, Enseignement supérieur et universitaire, Plan, Transports, Affaires sociales et un vice-ministre à la Santé. Et, pendant deux ans, ils ont accumulé l’argent dans ce système mafieux. Aujourd’hui, il se rétracte à une année de la campagne. Il nous rejoint. Au lieu de venir humblement avec respect, il prétend que les autres ont des rapprochements avec Tshisekedi. Qui est plus proche de Tshisekedi durant les cinq dernières années entre M. Fayulu et M. Katumbi ainsi que les autres ? C’est ridicule ce qu’il raconte. Ils doivent avoir honte de le dire.
SA : Matata Ponyo, Seth Kikuni, Franck Diongo et Delly Sesanga, tous candidats de l’opposition, se sont alliés derrière Moïse Katumbi. Une candidature commune de l’opposition est toujours possible ?
DK : Il n’y a pas des ralliements derrière Katumbi. Ce sont des Katumbistes, qui ont monté un théâtre. Diongo, Seth Kikuni et Sesanga, hier. Katumbi a payé les cautions pour gonfler le nombre d’opposants dans notre rang, comme il comptait sur les élections, de façon à ce qu’il soit majoritaire le jour de l’élection du candidat commun. Nous ne sommes pas des enfants. Aujourd’hui, comme j’avais dit aux Sud-Africains et à la Fondation Koffi Annan à Pretoria en Afrique du Sud, donnez-nous deux semaines de campagne. Nous allons à Kinshasa battre campagne.
Après deux semaines, nous revenons et les discussions vont se mener entre les principaux acteurs. Les autres sont des acteurs alimentaires. Aujourd’hui, vous voyez que les choses se sont dessinées. Les blocs sont très bien identifiés. Et s’il y a des discussions, elles peuvent se faire entre des véritables responsables. Nous ne sommes pas contre la candidature commune, mais nous pensons qu’il faut y mettre des critères. C’est conformément à ces critères qu’après les discussions, nous pouvons dire à notre peuple que c’est tel. Au regard de la légitimité, Martin Fayulu paraît clairement l’unique leader, qui a l’adhésion populaire. Si les gens veulent un candidat commun, ils peuvent venir. Nous sommes ouverts.
SA : On parle aussi d’un rapprochement entre Martin Fayulu et le docteur Denis Mukwege. Est-ce que les discussions sont-elles en cours ?
DK : Nous sommes proches de Denis Mukwege depuis 2014. Nous sommes ensemble. On se bat. Il a ses ambitions. Nous avons les nôtres. Nous le respectons parce qu’il est intègre. Il est honnête et, c’est un homme digne. Un Congolais, qui représente valablement le pays à l’extérieur. Mais, les réalités sur le terrain par rapport au travail et à l’adhésion populaire démontrent ce que chacun représente. Donc, les discussions sont en cours. Je crois qu’avant la fin de la semaine, les choses vont se dessiner clairement.
Entretien réalisé par Trésor Mutombo