«Je ne peux jamais oublier ce jour-là. J’étais tellement content parce que je n’imaginais pas qu’on allait être libéré de Mobutu par Laurent Désiré Kabila», raconte Tangu Indombele, un père de famille. A l’époque, il était receveur dans un taxis bus. Mais, les souvenirs du jour de la libération sont encore dans sa mémoire.
Samedi 17 mai 1997, dans la matinée, les médias internationaux annoncent que Kinshasa, capitale du Zaïre à l’époque est tombée. Une espèce d’euphorie s’empare de la capitale. Dans les rues, la population se ruent pour accueillir les libérateurs. Certains tiennent des rameaux à la main et des tissus blancs. Cris de joie et chants d’espoir sont entonnés à l’entrée de troupes de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFLD) de Laurent Désiré Kabila. «Kabila libéré… Kabila libéré», lançaient des hommes et de femmes comme pour dire la libération.
Le 17 mai, Kinshasa est tombé, une dictature avec. C’est depuis, un jour férié. Quelques temps après, le pays appelé Zaïre devient la République démocratique du Congo (RDC). Après 32 ans de règne, c’est la chute du président Maréchal Mobutu Sese Seko. Une page se tourne. Le Maréchal Mobutu a fui le pouvoir et s’exile au Maroc, chassé par une rébellion après huit mois de progression jusqu’à la chute de Kinshasa.
Kabila le libérateur
«Ce jour-là, je n’ai pas entendu des tirs. J’étais en train de ventre au marché Molard à Bandal. J’ai vu des militaires de petites tailles avec des armes au marché Molard. On avait compris que l’AFDL est entrée à Kinshasa. Ce jour-là, j’avais beaucoup vendu plus que d’habitude. Puis, il y a eu une baisse sensible du taux de change. Les gens étaient contents malgré l’entrée de rebelles. Les gens voulaient le changement. Pour tout Zaïrois à l’époque, Mzée était le libérateur», confie Mamie Claudia Yoka, à l’époque vendeuse dans une boutique au marché Molard, dans la commune de Bandalungwa au centre de Kinshasa.
«Avec le départ Mobutu, c’était un nouveau vent…»
Au centre-ville de Kinshasa, c’était la liesse populaire. Bouteilles de bière en mains, doigts soulevés en signe de V de la victoire, certains Kinois ont envahi bistrots pour célébrer la libération. «On était sorti au coin de rues pour voir des troupes de l’AFDL. On les a acclamé et encouragé. Pour nous, c’était un nouveau vent. C’était le départ de Mobutu. Et c’est ce jour là qu’est né ma nièce», se rappelle Isaac, père de famille.
«On était un peu stressé de voir une sorte de couvre-feu. Les rues étaient désertes, les écoles fermées. Le pays était comme assiégé. C’est comme si on était dans un état de guerre. Nous avons vu une longue colonne de militaires de petites tailles portant des bottes. C’était des “Kadogo” (des enfants ou petit en swahili Ndlr). D’autres venaient avec des jeeps pleines de munitions. C’était vraiment comme une occupation de la ville de Kinshasa», raconte Fiston Tubajika, à l’époque élève dans une école primaire de la place.
17 mai 1997-17 mai 2021, 24 ans se sont écoulés depuis l’entrée de Laurent Désiré. C’était l’avènement d’une nouvelle ère. Des célébrations sont régulièrement organisées et des souvenirs remontent à la surface.
Trésor Mutombo