Des accolades et des selfies. Matata Ponyo, ex-Premier ministre congolais, tout souriant, deux doigts en l’air, en signe de victoire, monte dans sa jeep 4×4. La Cour constitutionnelle s’est déclarée, incompétente de juger Matata Ponyo et ses deux coaccusés, ce lundi 15 novembre. Tous poursuivis dans un dossier de détournement de fonds destiné au parc agro-industrielle de Bukanga-Lonzo, situé à l’ouest de la RDC.
« La cour a démontré qu’il y a un vide juridique quant à la notion de la justiciabilité de l’ancien Premier ministre. En ce qui nous concerne, nous sommes très contents. Le droit a été dit », a confié à Sahutiafrica Me Laurent Oniemba, l’un des avocats de M. Matata Ponyo. Il est très content. Il affirme qu’aucun juge dans ce pays ne peut juger leur client pour ce dossier. « Matata n’est plus justiciable au Congo. Il faut chercher un juge de Dieu » a-t-il ajouté.
Pour Me Jacquemin Shabani, avocat de Christo Glober, patron de la société prestataire pour la réalisation du parc agro-industrielle, le pouvoir judiciaire a encore ses moyens. « C’est le souci de tout Congolais. C’est de savoir où sont partis les fonds destinés au parc de Bukanga Lonzo. Mais le juge s’est déclaré incompétent sur base de textes des lois de la République. La vérité finira par se savoir. En ce qui nous concerne nous sommes heureux. Le dossier est clos », a-t-il indiqué.
Le sentiment de joie est visible même au camp de Patrice Kitebi, ex-ministre congolais des Finances. « Nous sommes satisfaits. La force du droit à triompher sur le droit de la force. C’est un acquis de l’État de droit. Nous pouvons qu’être satisfait de la décision du juge la haute cour de la République », a conclu Jackson Kabamba, avocat-conseil de M. Patrice Kitebi.
Le 25 octobre dernier, la Cour constitutionnelle a ouvert un dossier contre l’homme à la cravate rouge suite à un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), publié le 18 novembre 2020. Ce dernier a dénoncé le détournement de 205 millions de dollars sur les 285 millions alloués à ce projet agricole lancé en 2014. Matata Ponyo, Premier ministre de 2012 à 2016, est présenté par l’IGF comme « l’auteur intellectuel » de ce détournement. Il a été également poursuivi pour le processus de passation de marchés de gré à gré en faveur de Christo Grobler, homme d’affaires sud-africain.
Joe Kashama