« Kingabwa-Uzam point-chaud », lance Mardochée, la vingtaine, sous un ciel nuageux. Il est crieur des taxis-bus à l’arrêt d’Itaga dans la commune de Barumbu, en plein centre-ville. Il est 11 heures. Le trafic n’est pas fluide. Mardochée peine à remplir même un de quatre taxis-bus qui attendent les clients à l’arrêt de bus. Ce n’est pas une heure de pointe.
Ils sont nombreux dans chaque arrêt de bus de la capitale congolaise. Leur métier est d’indiquer des itinéraires aux clients désireux d’emprunter tel ou tel autre bus. On les appelle chargeurs de bus mieux, des « crieurs ».
Des kulunas à la prise de conscience ?
Mardochée hausse la voix, mais les clients n’entrent pas dans les bus. « C’est toujours comme ça durant la journée. Mais c’est mon travail. Je suis habitué à le faire. Le beau temps, c’est aux heures de pointe », souffle-t-il.
Vêtu d’un maillot noir et des chaussettes blanches, Mardochée fume une cigarette. Et veille à l’ordre de chargement de véhicule au parking.
« Plusieurs chargeurs sont d’anciens membres de gang, mais ils ont arrêté avec cette vie de brigands », confie Léon Mutupa alias Eswa.
Retour à la raison
Les lunettes de soleil sur les yeux, M. Mutupa récolte sous sa chemise multicolore de taxe que paie les receveurs de taxis-bus au parking. « Nous sommes revenus à la raison. Et nous cherchons l’argent. Quand on trouve un gagne-pain, on ne le perd pas pour des rancunes inutiles », poursuit-il.
Eswa affirme qu’il nourrit sa famille avec son travail de crieur. M. Mutupa suit de près les mouvements de taxi-bus à cet arrêt.
« Je verse une partie de ce que je gagne à la caisse de l’Asbl qui m’a recruté. L’argent perçu par jour tourne autour de 100.000 Francs congolais », précise Leon Mutupa.
Ce système devient fréquent dans plusieurs arrêts de bus à Kinshasa. Ce sont des associations sans but lucratif qui gèrent ces jeunes, qui pour la plupart vivent sans domicile fixe.
Joe Kashama