A la barre, Eric Nkuba présente les activités minières comme la principale source de financement de l’Alliance fleuve Congo (AFC), coalition de groupes armés dirigée par Corneille Nangaa, ancien président de la commission électorale, son coaccusé.
Prison de Ndolo. Jeudi 25 juillet. Reprise de l’examen de l’affaire de Corneille Nangaa en audience foraine à la Cour militaire de Kinshasa/Gombe. En uniforme de prisonniers, Eric Nkuba paraît calme aux côtés de ses avocats lorsqu’il est appelé à comparaître. A la barre, l’homme se présente comme étant le cofondateur de l’AFC, mais aussi comme un commerçant. Sans toutefois révéler la nature de son commerce. « J’avais trois carrés miniers », raconte le prévenu, évoquant aussi les activités qui généraient de revenus à Corneille Nangaa.
« Nous ne sommes pas des démunis. On avait nos propres moyens. Ce sont ces moyens qui nous ont permis de créer l’AFC et de faire ce qu’on a pu faire », dit M. Nkuba. En avril dernier, Eric Nkuba Shabini avait été arrêté. Puis, présenté par l’armée congolaise comme un maillon clé de l’AFC. Depuis, il est placé derrière les barreaux, d’où il attendait d’être jugé.
Dans sa déposition, ce proche de Corneille Nangaa avait cité plusieurs personnalités qu’il a qualifié des contacts politiques internes. Il s’agit notamment de Claude Lubaya, Patient Sayiba, ancien DG de l’Ogefrem et le général John Numbi. Ce qui a suscité une vive polémique. Mais les deux premiers intéressés ont nié tout lien avec ce mouvement rebelle.
Plus de deux mois plus tard, Eric Nkuba semble avoir pris du recul. « Le traitement que j’ai subi au cachot des renseignements militaires ne m’a pas laissé m’exprimer librement », a déclaré Eric Nkuba devant les juges. Il affirme avoir été forcé de faire d’autres déclarations, en répondant à une question du juge.
Selon lui, l’objectif de l’AFC n’est pas de rester au Nord-Kivu, mais de conquérir tout le pays et d’arriver jusqu’à Kinshasa. « Le but n’est pas de balkaniser le pays, mais de conquérir le pouvoir à Kinshasa », a tenté de préciser M. Nkuba, qui revient aussi sur la création et les objectifs de l’AFC. A la question du soutien du Rwanda au M23, ce proche de Corneille Nangaa nie tout et affirme n’avoir vu aucun Rwandais.
« Mais dans les FARDC, il y a aussi des Rwandais. À côté des FARDC, les FDLR sont visibles », a poursuivi Eric Nkuba, qui ne se voit pas dans les habits de traitre. Pourtant, il est accusé de trahison. « Je voudrais instaurer une démocratie », a-t-il ajouté, dénonçant la corruption et la mauvaise gouvernance du régime de Félix Tshisekedi.
En RDC, la justice a lancé des poursuites contre Corneille Nangaa, devra être jugé par contumace. Dans ce communiqué, le ministère explique que ce procès s’inscrit dans le cadre des activités terroristes, de crimes de guerre et de haute trahison perpétrées dans l’est de la RDC, en proie à « l’agression rwandaise à travers ses supplétifs du M23 dans la province du Nord-Kivu ».
Trésor Mutombo