Surpeuplement, maladies, pas d’eau potable… Des images diffusées sur les réseaux sociaux par le journaliste Stanis Bujakera, directeur de publication du site d’information congolais ACTUALITE.CD et correspondant de Jeune Afrique en RDC, décrivent les conditions de détention à la prison de Makala.
De l’intérieur, la prison de Makala est dans un état vétuste. Les détenus semblent être privés de tout et livrés à diverses maladies. Plusieurs dizaines de détenus, entassés, dorment par terre dans une cellule insalubre et bondée. Certains sur les latrines. Le sol est jonché de déchets. Une partie de ces images montrent des détenus avec des plaies béantes gisant au sol, visiblement sans une prise en charge médicale. Dans l’autre, l’on aperçoit plusieurs prisonniers faire la queue pour recevoir le repas, qui est servi une fois par jour aux alentours de 17 et 18 heures, selon Stanis Bujakera. Sans latrines opérationnelles, la plupart font des besoins naturels à l’air libre, renseigne cette source.
Ce journaliste congolais a passé près de sept mois derrière les barreaux dans cette maison carcérale. Pour lui, la prison de Makala n’est plus une prison, mais plutôt « un centre de concentration ». Il indique que cette maison carcérale compte près de 15.000 détenus, alors qu’il ne peut en accueillir que 1500. « Le surpeuplement conduit à des décès fréquents par étouffement », a confié le journaliste congolais à TV5.
Il raconte avoir payé une somme estimée à 3.000 Usd pour être placé dans le pavillon VIP. « Il y avait une centaine de personnes qui utilisaient un seul lavabo. Elles partagent quatre toilettes combinées aux douches », relate le journaliste. Il appelle les autorités à trouver des solutions face à ce qu’il décrit comme un calvaire.
Le lendemain après la publication de ces images, Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice, a réagi dans un post sur le réseau social X. « Les images des prisonniers du CPK (Makala) diffusées par RFI et TV5 sont de très vielles images. Nous n’avons pas attendu leur publication pour amorcer le processus en cours de désengorgement des prisons et d’amélioration des conditions de détention », a écrit M. Mutamba, qui assure que « les prisonniers congolais mangent deux ou trois fois par jour ».
Pourtant, ces images suscitent des réactions. Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) a affirmé que le journaliste Stanis Bujakera a révélé l’horreur vécue à Makala. Pour ce mouvement pro-démocratie, au lieu de mentir et de nier l’évidence comme le fait Constant Mutamba, les autorités doivent vite agir pour améliorer les conditions de détention.
La Rédaction