«Nous éprouvons beaucoup de difficultés pour produire de l’eau pure dans les sachets. Ce qu’il faut, c’est une bonne installation de filtrage d’eau. Être bien desservi par la Regideso et de l’électricité…», a réagi Papa na Archange, producteur «d’eau pure» à Kinshasa.
La réaction de ce producteur et vendeur d’eau en sachet intervient après l’annonce du Gouverneur de la ville de Kinshasa interdisant la vente d’eau en sachet.
«Tout celui qui produit l’eau en sachet, qu’il sache qu’on descendra dans son usine ou sa société pour l’arrêter et le conduire directement au Parquet. Moi-même je suivrai le dossier jusqu’à ce qu’ils se retrouve à Makala» a annoncé Gentiny Ngobila Mbaka, gouverneur de la ville de Kinshasa le 26 mars dernier.
La décision du Gouverneur ne passe pas non plus auprès de certains consommateurs. «Nous nous contentons de l’eau en sachet parce qu’elle coûte moins cher. Nous sommes au mois d’avril. Ce sont des grosses chaleurs… Et maintenant on me dit que Ngobila traque les vendeurs d’eau… je gagne très peu sur ma marchandise. Je ne peux pas me permettre le luxe d’acheter l’eau qui coûte 500 francs», explique Clava, vendeur de babouches au croisement des avenues Kato et Kasaï dans la commune de Kinshasa. Un sachet d’eau en sachet de 60 centilitres coûte 100 francs congolais. Tandis qu’en bouteille c’est 3500 francs.
Comment contourner cette difficulté ?
Areka Thialu, mère de famille, productrice d’eau, est plutôt optimiste. «Comme la desserte en eau est difficile à Bandal, nous avons acheté une moto pompe. Nous ne manquons jamais de l’eau. Nous sommes organisés en chaîne dans la famille pour qu’il n’y ait pas rupture de stock. Nous avons au moins 5 lignes d’électricité. Parce que sans courant c’est foutu. Il n’y a pas de production d’eau».
Producteurs, intermédiaires, détaillants et consommateurs sont désolés de la décision du Gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka.
«Il y a plusieurs manières de combattre la prolifération des matières plastiques» pense Papa na Archange. «Le gouverneur Ngobila ne tient pas compte de la souffrance du Kinois. Au lieu d’interdire la vente d’eau en sachet, il devrait plutôt proposer un récipient modèle. Nous nourrisson nos familles avec ce business», poursuit ce père de famille.
Areka, cette mère de famille, n’y va pas par quatre chemins. « Le gouverneur Ngobila aura sur sa tête la malédiction de toutes ces mamans qu’il a déguerpi du marché central… Il a mal organisé leur replacement… Maintenant, comme si ça ne suffit pas il nous met de bâtons dans les roues alors qu’on cherche à survivre en vendant de l’eau en sachet… ».
Vendre de l’eau, un business rentable
Dans la commune de Kasa Vubu, un vendeur ambulant d’eau en sachet raconte : «j’ai choisi de vendre de l’eau parce que je gagne le double du montant dépensé par paquet. Cela m’a permis de payer mes études. En cette saison de pluies, je nage entre douze et 15 paquets. Et j’ai un petit qui vend pour moi… »
« Si Ngobila n’a pas de coeur, il ne doit pas diriger. Un dirigeant doit trouver des solutions pour son peuple. Mais Ngobila passe son temps à prendre des décisions inutiles… Si dans sa maison il n’y a pas une seule bouteille en plastique alors c’est bon… Mais s’il y a même un bidon d’huile, alors il risque de lui arriver malheur», poursuit ce vendeur qui désapprouve la décision du Gouverneur de la ville de Kinshasa qui interdit la vente d’eau en sachet.
Hana Kel