Ancien conseiller privé du président Tshisekedi, Fortunat Biselele, 51 ans, a passé sa première nuit à la prison centrale de Makala vendredi 20 janvier.
Il a été placé sous mandat de dépôt après son audition au parquet de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. Il est inculpé pour atteinte à la sûreté de l’État, espionnage et collaboration avec des forces obscures.
Casquette rouge enfilée, Fortunat Biselele paraît serein à sa descente d’un minibus aux vitres teintées. Il est escorté par des militaires devant des cameras et plusieurs regards curieux. L’ancien conseiller privé du président congolais ne semble abattu pas. Confiant, il monte calmement les échaliers de l’entrée du bâtiment du Palais de la justice, situé dans la commune de la Gombe, centre d’affaires de Kinshasa. Du parquet, l’homme est transféré à la prison centrale de Makala, où Il a passé nuit.
Auditionné à l’Agence nationale de renseignement (ANR), écarté de son poste du conseiller privé du chef de l’État. Puis transféré au parquet et à la prison de Makala. Les choses sont allées vite pour M. Biselele, qui tombe de haut. Pourquoi le président Tshisekedi l’a écarté de son cercle fermé ?
En fait, le président Tshisekedi s’est montré, en ce début 2023, méfiant vis-à-vis de son ancien conseiller privé. Selon Africa Intelligence, Félix Tshisekedi l’évite et ne le prend plus au téléphone. Visiblement, le président congolais n’a pas beaucoup apprécié la sortie médiatique de Fortunat Biselele, pourtant réputé discret, dans une émission réalisée par le journaliste Alain Foka sur les tensions entre Kinshasa et Kigali, en brouille diplomatique depuis la résurgence du M23.
Cette source renseigne que des entreprises minières, dont Sicomines, société à capitaux majoritairement chinois, ont affirmé avoir des difficultés à composer avec certaines autorités et à satisfaire les demandes financières de conseillers du chef de l’État. Elles citent notamment le nom de Fortunant Biselele. Ce dernier, d’après la même source, est aussi suspecté pour sa proximité avec Kigali. Surtout pour ses liens avec le général Joseph Nzabamwita, numéro 1 du renseignement rwandais et l’un des conseillers de Kagame.
Autrefois, M. Biselele a été cadre du Rassemblement du Congo pour la démocratique (RCD), rébellion soutenue par le Rwanda. En fait, ce mouvement l’a formé au renseignement. Depuis, il a gardé ses liens avec Kigali. Son réseau a été utilisé pour rapprocher le président Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, dont les rapports sont orageux ces derniers mois. Kinshasa et Kigali s’accusent mutuellement de soutien aux groupes rebelles depuis que le M23 a refait surface.
De Jean-Marc Kabund à François Beya, tous ont maille avec la justice congolaise. Fortunat Biselele s’ajoute ainsi sur la liste de proches du président Tshisekedi disgraciés.
La Rédaction