RDC/Kinshasa : «les morts ne sont pas morts, ils sont avec nous»

« Mon père est mort il y a longtemps, mais la majorité de choses que nous lui demandons quand nous venons ici, se réalisent », raconte Crispin Ndoko, père de famille, à Sahutiafrica.

En RDC, le 1ᵉʳ août est dédié aux parents et des morts. Si pour certains, c’est un moment de recueillement, pour d’autres, c’est un moment d’échange entre les vivants et les morts.

Crispin Ndoko rend hommage à son père, qui porte les mêmes noms que lui. Il verse une bouteille de bière sur la tombe et déclare des paroles. « Dans mon ethnie des Bambala (ouest de la RDC), on s’amène toujours avec une bière comme offrande quand on visite un mort, c’est un moyen pour lui demander des faveurs. Et la coutume marche toujours », confie-t-il.

A la tombe de son défunt, il est accompagné par ses enfants. « Tes petits-fils aussi sont là pour te dire bonjour. Continue à veiller sur eux comme tu le fais bien sûr nous. Fais en sorte qu’ils soient prospères comme leurs pères. Ne permets pas qu’ils meurent tant qu’on n’a pas d’argent », répète M. Ndoko, fixant la tombe. Pour lui, cette pratique ne doit pas être négligée par les contemporains.

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« L’Afrique perd ses valeurs ancestrales et les chefs coutumiers perdent aussi leur puissance parce que les pratiques comme celle-ci sont négligées », pense Crispin Ndoko.

Lusuenga Peti, lui, est un chrétien. Mais il reste fidèle au dicton, « les morts ne sont pas morts ». « La colonisation nous a apporté des bonnes choses, mais nous avons perdu les traces de nos ancêtres », nuance-t-il. « Mon père est un homme, qui ne disait que la vérité. Son esprit est en moi. Je vis avec lui et il est là. Il me parle dans mes songes et je sais qu’il écoute et voit tout », se convainc-t-il.

Seule devant trois tombeaux. Grâce Bolia, de teint clair, se remémore son père et ses deux oncles paternels. Grace est en train d’épousseter son lieu de refuge quand elle est submergée par les problèmes. « C’est ici que je viens me recueillir dans mes moments de joie et de tristesse et je trouve du réconfort », raconte Grâce Bolia.

Les souvenirs sont intacts dans leurs têtes. Bodac Luvuangadio et ses trois frères ont effectué le déplacement. Ils n’arrivent pas à retenir les larmes, mais ils répondent au rendez-vous pour prouver à leur mère, morte en avril 2023, qu’elle est encore dans leur cœur. « Nous sommes venus rendre visite à notre mère. De là où elle se trouve, elle comprend que nous ne l’avons pas abandonné », dit-il. Lui et ses frères par contre n’attendent rien en retour de leur défunte mère.

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Pour Eric Kupesa, la cinquantaine révolue, cette journée symbolise un lien spirituel entre les vivants et les morts. Regard figé, Eric ne s’est pourtant pas rendu au cimetière pour visiter les tombes ses proches. Tout comme M. José, sexagénaire, croisé dans la commune de Bumbu, centre de Kinshasa. « Je ne vais pas faire l’entretien le 1ᵉʳ août. Je le fais plutôt chaque le 13 août parce que c’est la date où j’ai perdu ma fille de façon brusque », dit-il, la gorge serrée.

Certaines personnes ne voient aucune raison de se rendre aux cimetière chaque 1ᵉʳ août. « Je n’approuve pas cette pratique. Cela dépend des coutumes. Moi, je n’y crois pas. Je préfère reste chez-moi », affirme Ndongala.

Ce mardi, des milliers de Congolais se sont recueillis devant les tombes des êtres chers. Occasions pour plusieurs de peindre et d’embellir ce lieu de repos éternel de leurs proches.

Joe Kashama et Raymond Nsimba

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