Restitution par la Belgique du reste de Patrice Lumumba, héros de l’indépendance de la RDC. Les excuses des autorités belges à la famille de l’ancien Premier ministre et à son pays. D’après Jean Kambayi Bwatshia, professeur et historien congolais, cette restitution est une première étape, mais il faut aller plus loin.
« La Belgique doit assumer pleinement son rôle dans la disparition de Lumumba. On doit arrêter d’utiliser le terme responsabilité morale. Quelqu’un a été sciemment envoyé à la mort », déclare l’historien Kambayi Bwatshia dans un entretien à Sahutiafrica.
Il estime que seules les excuses présentées à la famille Lumumba par les autorités belges ne suffisent pas. Pour l’historien, il faut que « chacune des parties assume ses responsabilités sans que cela n’empêche de continuer à regarder vers l’avant et d’avancer main dans la main ».
« Il faut se poser une série de questions pour savoir dans quelles circonstances elle s’est retrouvée entre les mains de belges ? Comment Lumumba est-il mort ? Pourquoi les Belges se sont-ils donné la peine de l’emporter ? », argue l’historien.
Il indique que « la mémoire de Lumumba a été largement salie. « Il y a certains, qui sont allés même à le traiter de diable. Avec une telle condescendance, une telle ironie qu’aujourd’hui, il faut penser à la restitution de l’être Lumumba dans les cœurs des Congolais. Lumumba, c’est plus qu’un homme. C’est le héros de notre liberté. Par son courage, il a osé dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas », rappelle le professeur Kambayi Bwatshia.
Il reconnait tout de même « qu’au niveau de la symbolique, cette dent restituée a une valeur inestimable, même si les Congolais peuvent se poser la question sur son authenticité, pourquoi est-elle en or ? ».
Le mercredi 22 juin, la relique de Lumumba a démarré un périple dans le Sankuru, sa province natale pour des hommages traditionnels. Puis, à Kisangani avant de rejoindre Lubumbashi et Kinshasa, la capitale, où elle devra définitivement reposer dans un mausolée après trois jours de deuil national.
L’historien Kambaye Bwatshia plaide pour « le retour des restes de tous ceux qui ont travaillé ou contribué de loin ou de près pour libérer le Congo. Et pour que les congolais deviennent libres ». « Ils méritent la reconnaissance de notre part », conclut l’historien.
Dinho Kazadi