L’instabilité du Congo se trouve inscrite dans sa situation historique et l’unité de son territoire est une épreuve de résistance, a affirmé le professeur Isidore Ndaywel, historien congolais, lors d’une conférence sur l’histoire de la sauvegarde de l’intégrité territoriale du Congo vendredi 28 avril.
Dans son rôle d’historien, le professeur Ndaywel retrace les principaux moments clés qui ont failli faire basculer l’histoire de la RDC et sceller définitivement la scission du pays. Il part de la période coloniale, où l’intégrité territoriale du Congo a été remise en cause par les Britanniques, qui voulaient s’emparer du Katanga où encore plus tard par les Allemands, qui estimaient avoir hérité d’une petite partie des terres en Afrique, et vont aller jusqu’à exiger que leur reviennent toute la partie centre de l’Afrique.
Si les tentatives de dépècement du Congo n’ont pas réussi pendant l’époque coloniale, les acteurs et les tactiques vont changer après l’indépendance où la guerre froide bat son plein. Selon l’historien, « le séparatisme va d’abord être utilisé comme un élément de chantage politique. Plusieurs leaders politiques qui ne se retrouvent pas dans les nominations importantes, vont se rabattre sur les fiefs, et menacer ainsi de faire sécession ».
Si beaucoup échouent, quelques-uns vont réussir, à l’instar de Moïse Tshombe dans le Katanga et Kalonji dans le Sud Kasaï. L’historien explique que les deux ont réussi « grâce au soutien obtenu de la part de l’ancienne puissance coloniale qui voulait maintenir les zones minières en dehors du contrôle de Lumumba ».
La fin de la guerre froide a fait basculer le monde dans un nouveau contexte régit par le système unipolaire, est la RDC encore plus a continué à subir les conséquences. « Le Congo est une terre d’enjeux qui s’est souvent retrouvé au centre des projecteurs mondiaux, ce qui par conséquent l’a rendu une terre de combat », confie l’historien.
S’il évoque les confessions de certains dignitaires rwandais qui ont déclaré que le fond du problème actuel de l’est de la RDC, serait la question de l’espace, le professeur Ndaywel affirme que « c’est la voracité des multinationales nord-américaines qui a instrumentalisé cette quête permanente de terre et d’espaces comme exigé par le Rwanda. Surtout après le génocide de 1994 ».
Accuser les autres ne doit pas faire oublier son rôle, ainsi le professeur pointe du doigt les causes internes qui font à ce que le Congo soit ainsi malmené et menacé de tous bords. Parmi elles figurent en tête, « la faillite de l’état congolais, la porosité des frontières et l’incapacité de l’État à identifier sa propre population ».
L’historien préconise qu’on, « utilise cette situation de guerre permanente comme une opportunité de revoir nos fondements et notre organisation. Il faut permettre la bonne décentralisation car la gestion unitariste a montré ses limites, mais aussi penser à une nouvelle constitution adaptée cette fois, à notre contexte et qui reflète vraiment ce que nous sommes ».
Cette conférence intervient quelques jours après que le président rwandais Paul Kagame a déclaré au Bénin, qu’une partie de son pays aurait été attachée à la RDC. Des propos réprouvés par le gouvernement congolais qui l’a accusé de transgresser l’histoire.
Dinho Kazadi