En brisant le silence, le général John Numbi, en exile, a menacé de retirer au président Tshisekedi le pouvoir qu’il l’aurait donné à travers un accord signé avec Joseph Kabila, son prédécesseur. La réapparition de ce général congolais, qui vit en exil depuis sa disgrâce fait réagir.
Samedi 7 octobre. Il est 22 heures lorsque le général John Numbi réapparait, faisant une déclaration. Quelques heures plutôt, le président Tshisekedi a déposé sa candidature pour un second mandat.
« Félix Tshisekedi est comme un inconscient qui joue avec le feu dans une poudrière », a déclaré l’ancien inspecteur général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Le général John Numbi indique que « les élections prochaines seront le feu qui va embrasser la poudrière. Car, loin d’être transparentes et inclusives », a-t-il ajouté.
Cette réapparition et la menace du général Numbi suscite des réactions. Quelques minutes après, Tina Salama, porte-parole du président Tshisekedi, a réagi sur le réseau X, ancien Twitter. « Ses blasons ne sont à la hauteur que de ses crimes ; #Chebeya, #BundudiaKongo etcétéra. Le faux général autoproclamé a la conscience bien chargée… », a-t-elle écrit.
Peter Kazadi, ministre congolais de l’Intérieur et proche du président Tshisekedi, indique que l’accord du gouvernement FCC-CACH a été conclu et appliqué. Pour lui, la mauvaise foi du FCC qui ne voulait pas de l’avancement du pays, a conduit CACH à quitter ledit accord (le salut du Peuple restant la Loi Suprême).
« Rappelons au peureux et fugitif de Général qu’au plus fort de son règne, il n’a jamais réussi à arrêter notre combat pour l’édification d’un Etat de droit. Ce n’est donc pas de sa cachette actuelle qu’il viendra ébranler notre détermination à consolider les acquis de ce combat », dit-il dans une publication.
Mais pour Jean-Jacques Wondo, spécialiste des questions militaires, les Congolais ne doivent pas être distraits par les divagations du Général Numbi sur un deal privé. « Nemo auditur propriam turpitudinem. Numbi incarne le régime qui a mortifié les Congolais depuis 1997 », indique-t-il.
Alors que sa déclaration fait polémique, le général John Numbi ne mâche pas les mots. Il affirme que « son adresse est claire et bien précise ». « Pour le reste, nous nous rêverons dans les jours à venir, d’ici au 20 décembre », promet-il. D’après plusieurs internautes, il devra être jugé pour « haute trahison ».
Entre-temps, Kinshasa tente sa chance auprès d’Harare pour extrader le général John Numbi, recherché par la justice militaire congolaise pour son rôle présumé dans le double assassinat de l’activiste Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana.
En juillet dernier, le président Tshisekedi avait, selon une révélation d’Africa Intelligence, envoyé le professeur Serge Tshibangu, son haut représentant, pour échanger avec le président Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa autour de ce dossier. En fait, Kinshasa veut, dans son message, savoir ce qu’il en est de sa demande d’extradition formulée, en décembre 2022, à l’endroit du général John Numbi, figure de proue de l’appareil sécuritaire sous le régime de Joseph Kabila.
Écarté à la tête de l’inspection générale de l’armée congolaise à l’arrivée de Félix Tshisekedi, John Numbi vit, depuis 2021, en cavale. Présumé être en Zambie ou en Afrique du Sud, il s’est réfugié au Zimbabwe où il a obtenu le statut de réfugié, selon la même source.
Ancien inspecteur général de la police, puis des Forces armées de la RDC, le général John Numbi, visé par les sanctions de l’Union européenne et des Etats-Unis, notamment pour la répression de manifestations pacifiques, a maille avec la justice de son pays. Ce proche de Joseph Kabila est recherché pour son rôle présumé dans l’assassinat de Floribert Chebeya, activiste des droits de l’homme et Fidèle Bazana, son chauffeur, le 1ᵉʳ juin 2010.
La Rédaction