RDC : le RAM divise les étudiants

« Je ne peux jamais soutenir une taxe floue dont le ministre des PTNTIC lui-même n’arrive pas à expliquer l’importance», lâche Ken Saïda, étudiant à l’université de Lubumbashi, joint par Sahutiafrica. En RDC, la taxe du Registre des appareils mobiles fruste la population. Ceux qui paient cette taxe ne savent pas à quoi elle sert en réalité. Ce qui a poussé les députés nationaux à entendre Augustin Kibassa, ministre congolais des Postes, télécommunications et nouvelles technologies de l’information, à l’Assemblée nationale. Pour certains députés congolais, cette taxe est « incompréhensible ».

Mais la Représentation des étudiants du Congo (REC) pense le contraire. Et menace de manifester, en cas de suppression de cette taxe. D’après elle, le RAM permet aux étudiants de bénéficier d’une connexion Wi-Fi gratuite dans les établissements universitaires. Une déclaration qui ne surprend pas Ken Saïda, l’étudiant de Lubumbashi. Pour lui, « cette représentation des étudiants a toujours été politisée. Je ne suis pas surpris par leur réaction », dit-il. Visiblement, la REC penche pour une tendance qui ne représente pas l’ensemble de ce que pense les étudiants.

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Certains accusent même la REC d’être corrompue par des politiques. « Ils le soutiennent pour quelle finalité ? Pourquoi soutenir une taxe qui vous ronge tout ce que vous avez? », déplore Rachel Samantha, étudiante en droit à l’Université de Kinshasa.

« En RDC, les universités sont contrôlées par les politiques. Ce n’est pas nouveau. Je suis sûr que les représentants de la REC seraient visiblement soudoyés par les politiciens pour faire une telle déclaration », regrette Samuel, un autre étudiant d’une université publique à Kinshasa.

Face à cette taxe du RAM, les étudiants sont vraiment divisés. Pendant que certains dénoncent l’illégalité de cette taxe, d’autres par contre soutiennent la taxe RAM. Ils avancent comme raison que c’est grâce à la taxe RAM qu’ils ont la connexion Wi-Fi dans l’université. Une aubaine qui leur permet de mieux mener leurs recherches. « Personne au monde ne peut faire l’unanimité. Cette taxe permet à mon université d’avoir une connexion Wi-Fi. Le seul problème qui nous préoccupe est la mauvaise qualité de la connexion en question. Qu’ils l’améliorent », indique Michel Ngoy, étudiant à l’Université pédagogique nationale (UPN).

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En 2020, le gouvernement congolais a instauré le RAM pour lutter contre le marché des appareils mobiles contrefaits et de combattre le vol de téléphone. Et pourtant, la taxe RAM est prélevée à chaque recharge de crédit. Si vous avez un téléphone qui a deux puces (cartes SIM), la taxe sera prélevée sur vos deux numéros de téléphone, alors que vous n’utilisez qu’un seul appareil. Pour sa défense, le ministre Augustin Kibassa soutient que le RAM a aussi permis d’accompagner la gratuité de l’enseignement de base. Comment? Mais la population congolais estime que cette taxe est une forme d’arnaque bien organisée. Comme solution? Sa suppression pure et simple.

Ali Maliki

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