La justice doit cesser d’être un maillon faible dans la lutte contre les violences sexuelles basées sur le genre. C’est l’appel lancé par les organisations de défense et de protection des droits de la femme et de la jeune fille au Kasaï Central, dans le centre-sud de la RDC. Elles ont fait cette déclaration au cours d’un débat public organisé par une radio locale à Kananga, chef-lieu du Kasaï Central, à l’occasion de la clôture de la campagne de seize jours d’activisme contre les violences basées sur le genre.
Ces structures dénoncent « le laxisme » et « la légèreté » dans le traitement des cas d’abus contre les femmes devant la justice. Elles appellent à « la responsabilité de l’État à arranger ce dysfonctionnement dans la chaîne pénale ».
«La justice ne nous aide pas»
« La justice ne nous aide pas. Non seulement elle n’est pas proactive dans les enquêtes et l’arrestation des auteurs de ces violences que subissent les femmes, mais quelques bourreaux qui sont arrêtés en flagrance sont vite remis en liberté et dans la plupart des cas, sans procès publics encore moins des sanctions exemplaires. Ça affaiblit nos efforts sur le terrain », a déclaré Nathalie Kambala Luse, coordonnatrice de l’Ong Femme main dans la main pour le développement du Kasaï (Fmmdk).
Selon les organisations de femmes, la tendance est toujours à la hausse dans les statistiques sur les violences sexuelles basées sur le genre. D’après Madeilene Ndelela, coordonnatrice de l’Ong Cris du peuple opprimé (Cpo), « sur une centaine de cas dénoncés, dont principalement les viols, moins de 5% seulement sont suivis par la justice et les auteurs restent impunis ». Madeilene Ndelela déplore que « ces statistiques découragent les victimes d’abus sexuelles à solliciter la prise en charge juridique et judiciaire ».
Le 25 novembre dernier, des chefs d’États africains réunis dans un sommet sur la « masculinité positive » à Kinshasa, capitale congolaise, se sont engagés à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles. Mais aussi à adopter une convention de l’Union africaine, qui devra servir de cadre juridique pour mettre fin aux violences basées sur le genre.
Van Frédéric Tshilanda Katende depuis Kananga