Des hommes armés ne cessent de perpétrer des attaques à Beni, ville située dans l’est de la RDC. Une situation qui provoque la flambée des prix des denrées alimentaires. La population s’inquiète. Les vendeurs aussi, qui ne semblent pas faire des bonnes affaires. Des femmes ménagères au marché font demi-tour. Difficile de s’approvisionner en denrées alimentaires face à la hausse de prix. « Je suis venu acheter des choux, mais il y a vraiment hausse des prix. Je n’ai pas pu acheter », se désole à Sahutiafrica Héritier Musavono, la trentaine revoulue. Devant un étalage avec son sac, Héritier fait demi-tour.
Le soleil tape à Beni. Neema Kangitsi, noir de peau, achète un gros poisson fumé. Mais elle déplore cette flambée des prix. Le poisson fumé se négocie actuellement à 2.000 Fc (1Usd), alors qu’il se vendait à 1.500 ou 1.000 FC. « Je suis en train de discuter avec les vendeurs. A cause de la hausse des prix, nous achetons désormais des bananes pour 2.000 Fc pourtant elles se négocient à 1.000 Fc », lâche-t-il. Elle appelle les autorités à éradiquer l’insécurité, qui est à la base de la hausse des prix. « Nous appelons le gouvernement de nous aider à sécuriser les champs des cultivateurs pour le rabaissement de prix », dit Neema Kangitsi.
« Si vous observez la flambée des prix, c’est suite à l’insécurité dans la région où les agriculteurs n’ont plus accès à leur champ suite à l’insécurité », affirme Mbale Mwendo, vendeur. Assis devant son étalage, Mbale attend quelques clients pour écouler sa marchandise sous un soleil radieux. Il confie que « malgré cette flambée, ils n’ont pas un grand bénéfice ». « Auparavant, je pouvais vendre cinq sacs de pommes de terre la journée. Mais actuellement, c’est devenu même difficile de vendre trois sacs », raconte-t-il.
Nous augmentons aussi les prix à cause des taxes
Certains vendeurs plaident pour le retour de la paix dans cette partie. D’autres par contre, affirment être embrouillés par plusieurs taxes imposées par les autorités militaires. C’est le cas pour Esther, qui vend des aubergines.
« Nous augmentons aussi les prix à cause des taxes que nous sommes obligés de payer. Au lieu de sécuriser nos champs, ils nous traumatisent avec plusieurs taxes », lâche Esther, qui discute avec quelques potentiels clients.
En mai dernier, Félix Tshisekedi, président congolais, a décrété l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Une mesure salvatrice pour endiguer l’insécurité. Mais la situation sécuritaire reste instable. Des hommes armés, toujours actifs, tuent, incendient des maisons, kidnappent et volent. Des champs sont désertes. Les cultivateurs n’y ont plus accès et craignent pour leur sécurité.
Augustin Sikwaya depuis Beni