Alors que l’affaire des mercenaires refait surface, Justicia Asbl et l’Institut des recherches en droits humains (Irdh) dénoncent l’instrumentalisation de la justice pour écarter Moïse Katumbi, opposant congolais, à la présidentielle.
Pour l’organisation Justicia, cette affaire avait été classée sans suite pour inopportunité des poursuites. « Ces demandes enclenchent des craintes quant à une éventuelle ingérence politique dans les affaires judiciaires », dénonce l’ONG.
En fait, Jean-Claude Bukasa, ancien conseiller sécurité du président Tshisekedi, a, dans une correspondance adressée au procureur près la Cour de cassation le mois dernier, approché le procureur général pour s’enquérir de l’état actuel des différentes affaires judiciaires, mettant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle en cause. Ce qui fait resurgir l’affaire des mercenaires.
Il s’agit d’un dossier qui remonte à il y a 7 ans. A l’approche de la présidentielle de 2018, cette affaire a fait grand bruit en RDC. Le leader d’Ensemble pour la République est accusé d’avoir recruté des mercenaires américains et sud-africains. Moïse Katumbi a toujours nié ces accusations, en les qualifiant de mensonges grossiers. En 2019, ce dossier avait classé sans suite par l’auditeur général de l’armée congolaise.
Pourtant, Jean-Claude Bukasa, remplacé par Jean-Louis Esambo, a, dans cette correspondance, rappelé que ces différentes poursuites judiciaires contre l’ancien gouverneur de la province du Katanga portaient principalement sur les accusations de « recrutement des mercenaires étrangers ». D’après lui, cette affaire demeure encore pendante devant la Cour suprême de Justice devenue aujourd’hui la Cour de cassation.
« Il vous souviendra que le Parquet Général de la République de l’époque, aujourd’hui Parquet Général près la Cour de Cassation, avait inculpé monsieur Moïse Katumbi pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat et l’avait placé sous le coup d’un mandat d’arrêt provisoire avant que le Procureur Général de la République ne l’autorise à se rendre en Afrique du Sud pour les soins médicaux », rapporte le document.
Selon lui, bien que Moïse Katumbi ait été autorisé à regagner le pays dans le cadre de la décrispation politique en 2019. Cependant, cette autorisation « n’absout pas les faits sus-évoqués qui lui sont reprochés ».
Des ONG dénoncent l’instrumentalisation de la justice. L’Institut des recherches en droits humains plaide auprès du nouveau conseiller sécurité du président Tshisekedi de privilégier les élections apaisées et de changer l’approche d’abus judiciaire de son prédécesseur. Il l’exhorte aussi à « veiller sur les services de sécurité afin qu’ils arrêtent d’instrumentaliser la justice, en donnant des ordres destructifs ».
En RDC, le bras de fer est tendu entre le pouvoir et l’opposant Moïse Katumbi, son allié d’hier, à l’approche de la présidentielle. Salomon Idi Kalonda, inculpé pour atteinte à la sûreté de l’Etat, est toujours détenu. Le 13 juillet dernier, Chérubin Okende, porte-parole d’Ensemble et ancien ministre des Transports, avait été retrouvé mort. Ce qui a ravivé des tensions. Le gouvernement avait annoncé l’ouverture d’une enquête, en associant des services étrangers.
A quatre mois de la présidentielle, l’ombre de l’affaire des mercenaires plaine sur Moïse Katumbi. Entre-temps, des proches de l’ancien gouverneur du Katanga disent être victimes « d’un acharnement politique ».
Béni Bavila