RDC : «…nous ne sommes pas une sous-traitance politique» (Éric Senga) deuxième partie

Nous publions ce dimanche 29 août, la deuxième partie de l’entretien exclusif avec le pasteur Éric Senga, porte-parole de l’Église du christ au Congo (ECC), sur le blocage dans le processus de désignation du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Éric Senga affirme qu’ils ne sont pas une sous-traitance d’un camp politique. Il qualifie la démarche de six autres confessions religieuses d’illégale. Et reste confiant qu’ils vont trouver un consensus sur le nom du prochain président de l’organe électoral en RDC.

Mais jusque-là, il n’y a toujours pas de consensus entre les confessions religieuses, malgré un nouveau délai leur accordé par Christopher Mboso, président de l’Assemblée nationale. Six confessions ont déposé les procès-verbaux de la désignation du prochain président de la CENI. Mais l’Église protestante et catholique (CENCO) s’y oppose. Et appellent l’Assemble nationale à les rejeter.

SahutiAfrica: Pourquoi le président de la plateforme de confessions religieuses n’a pas convoqué la réunion, alors que le nouveau délai accordé par le président de l’Assemblée nationale arrivait à la fin ? 

Éric Senga : C’est le président qui a sollicité ce délai. C’est parce que les six sont à leur troisième dépôt de PV. Ils étaient censés déposer les PV le 29 juillet parce qu’ils n’étaient pas contents de la suspension des travaux. Ils ont dit à la presse qu’ils les ont déposés. Les membres sont rentrés avec nous à la réunion du 30 juillet. Nous avons signé le rapport, le soir ils sont allés déposer le même PV. C’est la deuxième fois. Maintenant, le président sollicite la prolongation, il l’obtient. Nous nous préparons pour convoquer la réunion, eux ils convoquent une réunion pour, laquelle ils n’ont pas sollicité le délai. Je pense que c’est trop simple. Pour nous, déposer le PV ça ne nous surprend pas. C’est pour la troisième fois qu’ils déposent. Si ces actes étaient réguliers, on aurait déjà clos ces débats. Si à tout moment, ils sont renvoyés aux discussions, moi à leur place, je comprendrais qu’il y a un malaise. Les gens ne demandent pas de consensus parce que l’ECC et la CENCO les veulent. Mais parce que ceux, qui sont avertis savent que les actes que les six peuvent poser seule sans nous n’aurons pas de légitimité. C’est ça le vrai débat.

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Ne peut engager la plateforme auprès des institutions étatiques que le président. S’il est empêché, le vice-président. Si les deux ne sont pas là, alors la majorité des membres. C’est ce qu’on appelle en droit la notion de la hiérarchie des normes et des compétences. C’est l’article 16. Or le président et son vice dans la ville. Vous ne pouvez pas passer à la troisième compétence alors que la première est déjà remplie. Il n’y a pas absence de compétences. On ne peut pas prendre la première alternative et la remplacer par la troisième. Cela est une rébellion. De ce point de vue, la réunion convoquée en ce terme est illégale. Juridiquement, les six confessions religieuses n’existent pas. Chaque confession existe de manière autonome.

S.A : Au stade actuel, pouvons-nous espérer à un consensus ?

E.S : Le consensus nous l’avons appelé de tous les vœux. Je veux préciser pourquoi. En réalité, dans ce débat, il faut lire l’article 10 de la loi portant organisation et fonctionnement de la CENI. Son dernier alinéa dit : les confessions religieuses et les organisations de la société civile concernées dans la désignation de candidat, sont celles qui répondent à trois conditions : avoir une personnalité juridique, un ancrage sociologique (une représentation nationale avérée), et une spécialité en matière électorale. Si nous voulons être rigoureux, au respect de la lettre et de l’esprit de la loi que beaucoup ne connaissent pas, même les six confessions religieuses, dont nous avons beaucoup d’amour et de respect, pourront nous démontrer la confession qui remplit ces conditions ? Si nous disons consensus, c’est parce que justement, toutes les confessions ne rempliront pas ces conditions. Au lieu que l’ECC et la CENCO soient les seuls à présenter les candidats à leur nom, au nom de la solidarité. Et c’est ça l’esprit de la charte. C’est un cadre des concertations pour prendre des positions communes. Le consensus a aussi comme rôle de couvrir les faiblesses des autres. Cela veut dire, composer et travailler dans l’unité. Les gens doivent comprendre cela. Si quelqu’un veut quitter la logique du consensus pour nous amener au vote, il faut être à mesure de s’assumer jusqu’au bout.

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S.A : vous ne voulez pas de Denis Kadima, candidat choisi par les six autres confessions parce qu’il est de la même tribu que l’actuel chef de l’État, affirme le groupe de six. Qu’en dites-vous ?

E.S : Ce sont des prétextes. Ce sont des débats de rue. On ne peut pas amener de tels arguments à la place publique. Je m’excuse, si cela choque. Ils vous diront également qu’on les a chassés au centre Interdiocésien (siège de la CENCO). Que l’abbé Donatien Nshole (secrétaire de la CENCO) a éteint la lumière. Mais si cela est le cas, quelle est la voie légale par, laquelle vous êtes passés pour faire recours à cela ? Si quelqu’un vous gifle, en droit pénal cela est considéré comme coup et blessures volontaires. Vous n’allez pas répliquer par un coup de machette.

Propos recueillis par Joe Ntambwe

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