Dimanche 22 septembre, Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice, a libéré près de 1685 détenus, la plupart malades, à la prison de Makala à Kinshasa.
« C’est un miracle », souffle un prisonnier, laissant couler quelques gouttes de larmes. Corps famélique, il rampe. Ses jambes sont couvertes de plaies béantes. « Je suis blessé depuis une année. Grâce au ministre Constant Mutamba, je suis enfin sorti de la prison », raconte-t-il, la gorge serrée. Il promet de changer sa conduite. « Je ne volerai plus, je ne prendrai plus ce qui ne m’appartient pas », a-t-il glissé.
Dans les images qui circulent sur les réseaux sociaux, l’on perçoit des détenus, torses nus assis à même le sol. Des images choquantes. Regard figé, affaibli, un prisonnier est transporté sur une brouette. Transporté par un des détenus, ses jambes sont rongées par des plaies béantes. Il quitte la prison le regard incrédule.
Lorsqu’ils tentent de réaliser ces instants, la plupart des prisonniers tarissent d’éloge au ministre Constant Mutamba, présent à la prison de Makala lors de cette cérémonie de désengorgement, qui a débuté dans l’après-midi pour finir dans la soirée. Des bus Transco ont transporté les détenus les plus faibles. Le ministre Mutamba a garanti la prise en charge à certains détenus, dont l’état de santé s’est dégradé, nécessitant des soins urgents.
« Merci à mon Dieu. Il n’y a pas beaucoup à dire », a réagi un prisonnier, vêtu d’un t-shirt noir, visiblement à bout de souffle. Ses larmes coulent lorsqu’il veut s’exprimer. Il manque des mots et soulève juste la note de sa libération. Pour lui, le calvaire de Makala est fini.
Ce lundi matin, plusieurs centaines d’autres détenus ont circulé sur la route menant vers la prison. Perdus, ils manquent de tout, sont pieds et torse nus, ils sentent mauvais comme s’ils n’ont pas pris une douche depuis plusieurs jours et leurs vêtements sont trop sales. Ils marchent aux abords de la chaussée en fil indien sous un soleil qui tape. Sous les regards curieux des passagers et des habitants du quartier Petit-Pont, situé entre la commune de Bandalungwa et de Ngiri-Ngiri, dans le centre de la capitale congolaise. Certains filment la scène. D’autres tentent de discuter avec quelques-uns désormais anciens détenus de Makala.
Visage juvénile, un prisonnier demande de l’aide. Il a passé trois ans dans la prison de Makala, où il a été abandonné par sa famille et ses proches. Visiblement perdu et ne sait quelle direction prendre pour retrouver sa famille. « Aidez-moi-même avec un 1000 ou 500 Fc pour acheter de l’eau », demande-t-il. Entouré par quelques curieux, il promet de changer sa conduite. « La prison est un calvaire et je ne veux plus y retourner. Je vais devenir un homme nouveau », souffle-t-il avec un visage exprimant la douleur.
Quelques passagers l’aident, alors que certains se contentent de regarder la scène. Mais d’autres se montrent plutôt sceptiques et redoutent une montée du phénomène kuluna après cette vague de libération massive.
Selon Constant Mutamba, ces libérations ne concernent que les prisonniers malades. « Ceci, dans le but de leur permettre d’aller suivre les soins appropriés », a-t-il précisé. Dans la foulée, il a ordonné de désinfecter des pavillons, d’approvisionner les médicaments et de réviser de manière systématique des cas pour désengorger davantage la prison.
Ces libérations interviennent plusieurs semaines après la tentative d’évasion qui a tourné à un carnage à la prison de Makala, où 131 prisonniers sont morts. Pour M. Mutamba, il n’y a pas eu tentative d’évasion, mais plutôt un « sabotage ».
Trésor Mutombo