«C’est du jamais vu ici à Bunia. Voir des miliciens se promener en ville et repartir librement, accompagnés par l’armée régulière, c’est incompréhensible», s’emporte un groupe de jeune de Bunia, dans la province de l’Ituri.
Vendredi 4 septembre, des combattants de la milice Codeco, Coopérative pour le développement pour le Congo, sont entrés dans la ville de Bunia.
Psychose et panique dans la ville. Samedi 5 septembre, “la ville est calme. Chacun s’adonne à ses occupations. Les banques sont fermées. Mais, la population ne comprend pas comment des milices peuvent entrer dans une ville où il y a un Gouverneur, un maire, et des services de sécurité», s’emporte Esther, une jeune dame, active dans les réseaux des femmes.
«Comment ceux qui sont auteurs des crimes peuvent se pointer dans la ville et repartir sous escorte et avec des vivres?» questionne un autre jeune, non loin de la prison où les miliciens étaient allés exiger la libération de trois de leurs membres.
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Les miliciens de la Codeco étaient dans la ville de Bunia avec armes en bandoulière, d’autres avec des couteaux et des machettes. Dans une vidéo, on peut voir un membre de la milice discuter avec un officier de l’armée congolaise pour exiger la libération des prisonniers. Un autre dire ne pas comprendre « comment les gens peuvent rester longtemps en prison sans être jugés ».
Colère de la population
« Nous savons que les miliciens ont des complices ici », dénonce Jean-Bosco Lalo, président de la société civile en Ituri.
Selon des informations recueillies sur place, «la présence des miliciens aux alentours de la ville était déjà connue des autorités locales, la veille. Alors, le matin, les combattants de la Codeco ont fait semblant de porter des bandeaux blancs en signe de paix, disant qu’ils voulaient se rendre auprès des autorités. Mais, ils ont dévié de leur route pour se rendre à la prison centrale de Bunia et exiger la libération de 3 membres de la Codeco, incarcérés».
«Je suis en colère contre les autorités congolaises. Je me demande vraiment si nos vies comptent. Comment vont-ils nous expliquer qu’un groupe d’individus armés soit plus fort et plus intelligent qu’un état?» déplore Esther. Cette et d’autres jeunes ne sentent pas rassurés après une telle incursion. « Qu’est-ce qui prouve qu’ils ne vont pas revenir la prochaine fois pour tuer la population? Qu’est-ce qui ne nous dit pas que certains parmi les miliciens sont restés dans la ville de Bunia?» questionne Esther.
Jean-Bosco Lalo, demande à ce qu’on instaure un état de siège à Bunia dans l’administration pour que les militaires puissent prendre les choses en main.
Pour Esther, activiste, « la paix à Bunia, dans l’est du pays et en RDC, est un droit, pas un privilège ». Elle interpelle les autorités compétentes à prendre leurs responsabilités pour les sécuriser.
Jacques Matand’