Référendum constitutionnel : la Centrafrique dans l’attente des résultats

Le Oui va-t-il l’emporter ? Alors que les résultats du référendum constitutionnel sont très attendus, le projet de nouvelle Constitution est toujours au cœur de la polémique en Centrafrique.

« Le oui l’emporte, selon les premières tendances que nous avons au niveau de recueil de données. Nous sommes confiants de la victoire du Oui à ce référendum pour une nouvelle Constitution en République Centrafricaine », se convainc Christian Gazam Betty, membre de la Commission chargée des opérations électorale et fondateur du site d’actualités Centrafrica.com. Pour l’heure, le camp présidentiel est confiant.

Boycott de l’opposition

Dimanche, des Centrafricains se sont allés dans les bureaux de vote pour dire oui ou non au projet de la nouvelle Constitution. Le vote s’est déroulé dans le calme et sans incident.

Si le projet de nouvelle Constitution est validé, le compteur devra être remis à zéro pour la limitation de mandat présidentiel. Le président Faustin-Archange Touadéra, élu en 2016 et réélu en 2020, pourrait briguer un troisième mandat. Selon ce texte, le mandat présidentiel passe de 5 à 7 ans. Sans restriction. Mais l’opposition, qui a appelé au boycott du référendum, accuse le chef de l’Etat de vouloir s’éterniser au pouvoir.

«La modification de la Constitution n’est pas la priorité»

Selon Andrien Poussou, opposant centrafricain, l’issue du scrutin était connue bien avant la tenue du référendum. « On savait que le Oui allait l’emporter », ironise-t-il.

« Ils ont voulu modifier cette Constitution parce qu’elle fait opposition à un troisième mandat. Lui (président Touadéra) et les seins veulent instaurer, dans notre pays, une présidence à vie. Nous estimons que le président Touadéra, faisant adopter cette Constitution, a scié l’arbre sur lequel il était assis et a perdu toute légitimité. Il offre la possibilité à ce que tout le moyen soit utilisé pour un changement de régime dans notre pays », dit Andrien Poussou.

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«La modification de la Constitution n’est pas la priorité»

Au sein du camp présidentiel, l’on ne cesse pourtant d’affirmer que la Constitution de 2016 ne reflète pas les aspirations du peuple centrafricain. Ce qui, selon la famille politique du président Touadéra, justifie ce référendum pour une nouvelle Constitution. Ce texte prévoit une réforme profonde de la Cour constitutionnelle, mais aussi pour concourir à la prochaine élection présidentielle, il faudra d’ailleurs n’avoir que la nationalité centrafricaine. La bi-nationalité sera interdite par l’article 10, sauf exception législative.

Pas de coup d’Etat constitutionnel en Centrafrique

« La priorité, aujourd’hui, ce n’est pas la modification de la Constitution. Ce n’est pas la Constitution qui fait en sorte que la corruption est dans toute l’estrade de la société centrafricaine », lâche M. Poussou.

Christian Gazam Betty est clair, dissipant le malentendu. « Il n’y a eu aucun coup d’Etat constitutionnel en Centrafrique. Par contre, ce qui s’est passé, c’est qu’une grande majorité de la population a demandé au président de la République de doter le pays d’une nouvelle constitution. Ce qu’il a fait ! Certains sont libres d’appeler cela faire un coup d’État, il y en a d’autres, dont je fais partie, qui appellent plutôt cela : se mettre au service du peuple », répond-il.

En 2022, le président Touadéra avait tenté sans succès de lancer le processus de rédaction d’une nouvelle constitution. La Cour constitutionnelle, alors dirigée par Danièle Darlan, avait annulé le décret du chef de l’État sur ce projet. Mme Darlan avait été mise à la retraite juste après. Finalement, le président centrafricain a remis le projet de nouvelle Constitution à la direction nationale de la campagne référendaire le 10 juillet. L’adoption du projet de nouvelle Constitution risque-t-elle de crisper le climat politique ?

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«Si le OUI l’emporte, le débat de la Constitution est donc clos»

Bien entendu, réagit Ben-Wilson Ngassan, porte-parole du Groupe d’action des organisations de la société civile pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016 (G16). « Aujourd’hui, la crainte d’une explosion politique est réelle », craint-il.

Crise politique

« Dans une conférence, Evariste Ngamana a déclaré qu’après l’adoption de cette nouvelle Constitution, cette loi va s’imposer à tous. Or, une grande partie de l’opposition démocratique et la société civile critiquent l’adoption de cette loi », indique M. Ngassan. Pour lui, la Centrafrique est dans une crise politique qui pourra avoir des conséquences sur le plan sécuritaire.

Les résultats provisoires du référendum sont attendus d’ici au début de la semaine prochaine. Sans doute, tout le monde est dans l’entente. « À partir du moment où il y a vote, et que le OUI l’emporte, le débat de la Constitution est donc clos. Je ne vois aucune raison pour une crispation du débat politique. Certes, il existera toujours des Centrafricains opposés à la nouvelle constitution. C’est leur liberté de penser et d’expression. Cependant, cette liberté ne pourra pas empêcher la Constitution de s’imposer à tous », tranche Christian Gazam Betty.

Trésor Mutombo

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