Sao Tomé-et-Principe : accusé de tentative de putsch, Delfim Nevès dénonce un simulacre

Delfim Nevès, opposant au régime et ex-président de l’Assemblée nationale de Sao Tomé-et-Principe, accusé par le Premier ministre d’avoir commandité une tentative de coup d’Etat, a dénoncé un simulacre destiné à le faire éliminer.

Il a été arrêté le vendredi dernier après avoir été « dénoncé » comme le « commanditaire d’une tentative de coup d’Etat » par quatre hommes capturés après six heures d’échange de tirs au QG de l’armée, avait affirmé vendredi le Premier ministre Patrice Trovoada.

Il a été remis en liberté provisoire sous contrôle judiciaire mardi, selon son avocat et l’agence de presse de l’Etat STP-Press.

Interrogés par l’AFP mercredi, ni le ministère de la Justice ni le parquet n’ont voulu dire si M. Nevès avait été inculpé, et de quoi le cas échéant.

« Tout cela n’est qu’un simulacre, un montage, visant à l’élimination physique de personnes qui peuvent être gênantes politiquement, et j’en fais partie », a lancé M. Nevès lors d’une conférence de presse diffusée sur les réseaux sociaux et plusieurs médias santoméens en ligne.

De nombreuses zones d’ombres entourent les circonstances et la chronologie des événements de vendredi et des jours suivants.

M. Trovoada avait annoncé vendredi matin que les quatre assaillants avaient été capturés au QG de l’armée et avaient « dénoncé » leurs commanditaires MM. Nevès et un autre opposant, Arlécio Costa, ancien mercenaire santoméen d’un groupe privé sud-africain dissout, et déjà accusé de tentative de coup d’Etat en 2009.

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Deux jours plus tard, le chef d’état-major de l’armée annonçait que trois des détenus étaient morts, des suites de leurs blessures dans une explosion, sans plus de détails, et que M. Costa avait également péri en sautant d’un véhicule. Mais aussi que 12 militaires ayant participé au coup à la tentative de putsch avaient été arrêtés.

« Ils ont tué la preuve vivante, Arlécio Costa » ainsi que trois autres, « tandis que l’accusateur (le quatrième assaillant, ndlr) est vivant pour dire que Delfim Neves est un des cerveaux de cette intrigue », a assuré M. Nevès devant les journalistes, avant de conclure : « S’il n’y avait pas eu une mobilisation rapide pour me sortir de la caserne à 5h30, le lendemain Delfim Nevès serait mort lui aussi ».

Le gouvernement a annoncé l’ouverture d’une deuxième enquête, en plus de celle sur la tentative de putsch, sur les circonstances des quatre décès.

Sao Tomé-et-Principe, petit archipel très pauvre du Golfe de Guinée, est considéré comme un modèle de démocratie parlementaire en Afrique, où les alternances au pouvoir se font sans heurts depuis une dizaine d’années.

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M. Nevès, candidat malheureux à la présidentielle de 2021 remportée par le parti de M. Trovoada, l’Action Démocratique Indépendante (ADI), avait fondé, avec d’autres mouvements, le Mouvement Basta en juin 2022. Le 25 septembre, l’ADI avait remporté la majorité absolue aux législatives et Basta n’avait eu que deux élus, dont M. Nevès qui a cédé, depuis, son poste de président de l’Assemblée, puis son siège de député réélu à son suppléant.

Des vidéos et photos largement diffusées sur les réseaux sociaux, que l’AFP n’a pas pu authentifier, prétendaient dès vendredi montrer les auteurs présumés, ligotés, blessés et violemment interrogés pour certains, puis les mêmes, morts.

« Comment expliquer la mort de trois assaillants et de l’un des commanditaires présumés ? Comment éclaircir cette affaire devant la justice s’ils se sont déjà fait justice eux-mêmes ? », s’interroge l’ONG santoméenne Observatoire de la transparence-STP sur sa page Facebook.

Mardi 29 novembre, l’Union européenne a fermement condamné la tentative de coup d’Etat en souhaitant que des enquêtes fassent la lumière sur les faits (…) en conformité avec les droits humains et les valeurs démocratiques.

AFP/Sahutiafrica

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