Sénégal : quel avenir politique pour Ousmane Sonko ?

Condamné à l’issue d’un procès en appel pour diffamation contre Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme, Ousmane Sonko, farouche opposant au président Macky Sall et candidat déclaré à la présidentielle de 2024, risque de perdre son éligibilité.

Lundi 08 mai, une Cour d’appel de Dakar a condamné M. Sonko à six mois de prison avec sursis. L’opposant avait accusé le ministre Mbaye Niang de détournement présumé de 29 milliards au ministre de la Jeunesse qu’il dirigeait alors.

En fait, cette condamnation le rend inéligible pour 5 ans, comme l’atteste le code électoral. Mais pour Ousseynou Nar Gueye, fondateur du site d’information sénégalais Tract, tout n’est pas encore fini pour le leader du parti Pastef.

« Ousmane Sonko peut se pourvoir en Cassation, et l’affaire n’est pas totalement terminée », pense l’analyste.

Bien avant sa condamnation, l’opposant et ses sympathisants dénonçaient un supposé acharnement de la justice. Certains vont jusqu’à dire que la peine avait déjà été décidée avant le procès.

« Quand on désire diriger un pays, on doit se faire le garant et le défenseur de la justice qui est certes une œuvre humaine, sinon il n’y a plus de règles du jeu, et quand les règles n’existent plus, la démocratie disparaît et ça ressemble plus à la jungle », affirme M. Nar Gueye.

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A la question de savoir si l’avenir politique de l’opposant est en jeu, l’analyste déclare qu’Ousmane Sonko a encore tout son avenir devant lui. « À 48 ans, troisième lors de la présidentielle de 2019. Il peut encore se permettre de rater la prochaine présidentielle en se retirant ou même en se faisant battre. Pour gagner en maturité », affirme-t-il.

Ousseynou Nar Gueye estime « qu’Ousmane Sonko sera un bon présidentiable, voire un potentiel bon président du Sénégal plutôt dans 5 ou 10 ans, mais pas aussi vite ».

Pour le moment, il est un peu trop jusqu’au-boutiste. Un peu trop dans la contestation de la justice et des règles démocratiques, mais aussi dans la politique virulente notamment sur la question du maintien ou non du franc CFA, ou les relations avec les puissances étrangères à l’instar de la France », ajoute-t-il.

Au Sénégal, le président Macky Sall continue de maintenir le flou sur ses intentions de brigue un troisième, alors qu’il a déjà consommé ses deux mandats. Peut-il briguer un troisième mandat ? Si cette question crispe le climat politique, Ousseynou Nar Gueye croit qu’il a le droit de se représenter.

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« La Constitution qui a été voté en 2016 par référendum dispose que le premier mandat de Macky sall ne fait pas partie du décompte des mandats pris en compte par la nouvelle constitution. Le président Macky Sall a donc le droit de se représenter », dit-il. Même s’il trouve « qu’il serait mieux de laisser tous les candidats participer aux élections, et laisser le choix aux électeurs de trancher au lieu de barrer la route à certains, ce qui pourrait déboucher sur la contestation et la violence ».

Ces péripéties vont-elles plonger le pays dans le chaos ? Non, pense M. Nar Gueye. « Le Sénégal est un pays de dialogue, quelque soit la fièvre que font monter les politiciens à l’approche des échéances électorales. Je pense qu’il existe des régulateurs sociaux au Sénégal, qui feront revenir les politiciens au bon sens. La tension préélectorale finira par baisser et tout va bien se passer je suis confiant », assure l’analyste.

Dinho Kazadi

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