Le principal parti d’opposition de la Sierra Leone a accepté de mettre fin à son boycott du parlement et des conseils locaux en échange de la libération des détenus politiques et de la fin des affaires judiciaires motivées selon lui par des aspects politiques, à l’issue d’un dialogue avec le gouvernement.
Les deux parties ont conclu mercredi soir des accords sous la médiation du Commonwealth, de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats ouest-africains (Cedeao), environ quatre mois après les élections générales.
Le Parti du Congrès de tout le peuple (APC) de l’opposition avait décidé « sa non-participation à tout niveau de gouvernance, y compris le pouvoir législatif et les conseils locaux », jugeant les résultats des élections présidentielles, législatives et locales de juin « truquées » au profit du président Bio et de son parti.
Au cours d’un dialogue de trois jours, les deux partis ont également convenu de mettre en place un comité inter-partis chargé de réexaminer les élections de juin avec les partenaires de développement.
Elles se sont également engagées à aider à la réinstallation de tout militant déplacé à l’intérieur ou à l’extérieur du pays en raison d’intimidations ou de violences politiques.
Le président Julius Maada Bio devrait prononcer prochainement un discours sur l’unité et la cohésion conformément à l’accord signé mercredi soir par le chef du gouvernement David Sengeh et le chef de l’APC Samura Kamara.
Bio a été réélu en fin juin pour un deuxième mandat dès le premier tour, avec 56,17 % des voix, selon les résultats publiés par la commission électorale, soit un peu plus que le seuil de 55 % nécessaire pour éviter une seconde tournée.
Les observateurs internationaux ont cependant prononcé une « manque de transparence » dans le décompte des voix après le vote. Un groupe d’observation national a constaté des divergences importantes entre les résultats des élections présidentielles, parlementaires et locales.
Dans son rapport final publié la semaine dernière, la mission d’observation de l’Union européenne a mis en évidence des « incohérences statistiques et des improbabilités mathématiques », ainsi que des actes d’intimidation et de violence politique.
Bio avait admis qu’il y avait des « limites logistiques » lors des élections générales, à l’occasion de l’ouverture officielle du parlement début août boycottée par l’opposition. Il avait aussi appelé à « l’unité » et au « dialogue ».
Le département d’État américain a annoncé fin août des restrictions en matière de visas pour les personnes « considérées comme responsables ou complices de l’affaiblissement de la démocratie en Sierra Leone », notamment par le truquage des votes ou l’intimidation des observateurs.
Les noms des personnes visées n’ont pas été rendus publics, les décisions relatives aux visas étant confidentielles en vertu de la législation américaine.
AFP/Sahutiafrica