Mercredi 12 avril, Mohammed ben Zayed, président des Emirats arabes unis, a rencontré au Caire son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui multiplie les rencontres avec les pays du Golfe sur fond de crise économique et de nouvelle donne diplomatique régionale.
« Les deux hommes ont discuté du renforcement des liens anciens et de leur intérêt commun à promouvoir la stabilité régionale », a tweeté Mohammed ben Zayed, dit « MBZ ».
L’Egypte courtise depuis plus d’un an activement les riches monarchies du Golfe alors que la guerre entre Ukraine et Russie (ses plus gros fournisseurs de blé, dont elle est le premier importateur mondial) a fortement aggravé sa crise économique.
En un an, elle a perdu 20% de ses réserves en devises. Et sur les 34,45 milliards de dollars qui lui restent, 28 sont des dépôts du Golfe.
Les 105 millions d’Egyptiens doivent désormais composer avec une inflation à 33,9%, sans cesse aggravée par une dévaluation de près de 50%, dans un pays qui dépend des importations tant pour sa consommation que pour sa production.
Depuis des mois, les experts répètent que l’Egypte est l’un des cinq pays qui risquent de ne plus pouvoir rembourser leur dette. En mars, elle a atteint son plus haut historique : 162,9 milliards de dollars, selon le ministère du Plan.
De l’autre côté de la mer Rouge, les Etats du Golfe ont annoncé qu’il en était fini de leurs largesses sans retour sur investissement.
Les fonds souverains du Golfe qui se sont jetés sur les dizaines d’entreprises mises sur le marché par l’Etat égyptien posent leurs conditions : il faut accepter de les vendre au nouveau taux de change (donc pour moins de dollars) et surtout obliger l’armée à publier les comptes de ses sociétés.
Jusqu’ici, si de nombreuses offres ont été faites, plusieurs accords ont échoué.
L’Egypte, où siège la Ligue arabe, est également un acteur de poids sur la scène diplomatique arabe en plein bouleversement.
Elle a renoué avec Damas (jusque-là isolé sur le plan diplomatique depuis le début de la guerre civile en Syrie (2011) comme ses alliés du Golfe), Emirats en tête, mais n’a pas encore pris une position claire sur l’Iran.
Chef de file des monarchies arabes du Golfe, l’Arabie saoudite a accueilli mercredi une délégation iranienne, venue rouvrir les missions diplomatiques dans le royaume après sept ans de rupture.
Cette reprise redessine de fond en comble la carte régionale jusqu’ici fracturée entre les poids lourds sunnites (Arabie et Egypte notamment) et l’Iran chiite avec ses alliés régionaux.
La Rédaction