Soudan du Sud : Riek Machar à la barre

Ce lundi 22 septembre, Riek Machar, ancien vice-président du Soudan du Sud, a été présenté devant la justice pour un procès diffusé en direct par la télévision publique.

 

Il est inculpé pour « crimes contre l’humanité », alors que ses avocats dénoncent un procès illégal. L’inculpation le 11 septembre de Riek Machar, suivie de sa destitution quelques heures plus tard par décret présidentiel, alimente les craintes d’un nouveau conflit, près de sept ans après la fin d’une guerre sanglante entre ses partisans et ceux du président Salva Kiir, qui avait fait quelque 400.000 morts entre 2013 et 2018.

 

Un accord de paix signé en 2018 avait mis fin au bain de sang en actant un partage de pouvoir entre les deux protagonistes. Lundi dernier, ses soutiens avaient appelé à la mobilisation militaire en vue d’un « changement de régime » au Soudan du Sud, pays devenu indépendant du Soudan en 2011.

 

M. Machar, vêtu d’un costume, d’une chemise blanche et d’une cravate bleue, s’est levé lundi matin de sa chaise et s’est emparé d’un micro pour décliner son nom, comme ses sept co-accusés abrités avec lui derrière d’épais barreaux. L’un de ses avocats a déclaré le tribunal spécial mis en place pour l’occasion, une cour selon lui « incompétente, qui n’a pas d’autorité ».

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SSBC, la télévision publique sud-soudanaise, présente l’événement, dans un bandeau, comme le « procès du Dr Riek Machar et de sept membres du SPLM-IO », son parti.

 

Les huit hommes sont également inculpés pour « meurtre », « terrorisme » et « conspiration » pour avoir participé à la coordination d’une attaque contre une base militaire par « l’Armée blanche », une milice accusée par le pouvoir de collaborer avec lui.

 

«Injustifiable juridiquement»

 

D’après le ministère de la Justice sud-soudanais, une attaque commise par « l’Armée blanche » a tué « plus de 250 soldats », ainsi qu’un major général sud-soudanais et un pilote onusien, le 3 mars à Nasir (nord-est).

 

Les soutiens de M. Machar, arrêtés en mars et placés depuis lors en résidence surveillée, estiment que ces accusations sont « montées de toutes pièces ». « Si l’incident de Nasir doit être qualifié comme une (…) violation du cessez-le-feu constituant un crime grave pertinent du droit international ou d’autres lois, alors la question relève (d’une) cour hybride » de l’Union africaine, dont l’existence est prévue dans les accords de paix de 2018, et non d’un tribunal spécial sud-soudanais, a encore argumenté un avocat de Riek Machar.

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Edmund Yakani, figure de la société civile sud-soudanaise, avait expliqué à l’AFP au lendemain de l’inculpation de M. Machar que « le crime contre l’humanité n’est même pas stipulé dans la loi sud-soudanaise », ce qui donne le sentiment que les accusations sont « politiquement motivées », mais « injustifiables juridiquement ». M. Yakani avait également envisagé « une intensification à grande échelle de la guerre », après « la grande erreur » de Juba vis-à-vis de Riek Machar.

 

Les troubles politiques ont déjà eu d’importantes conséquences humanitaires. En juin, l’ONU dénombrait 165.000 déplacés en trois mois, dont environ 100.000 avaient fui dans les pays voisins.

 

L’ONU a en outre récemment fait état de 100.000 personnes déplacées par des inondations ces dernières semaines, le Soudan du Sud, parmi les plus pauvres au monde, étant régulièrement victime de catastrophes climatiques.

 

AFP/Sahutiafrica

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