Mise en place d’un Conseil militaire de transition. La Constitution suspendue. Le gouvernement et le Parlement dissous. Un couvre-feu instauré de 18 h00 à 5 h00. Des frontières fermées. Mystère à N’Djamena, capitale du Tchad, ce mardi 20 avril 2021. Le maréchal Idriss Déby Itno est mort, a annoncé le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l’armée tchadienne. Au pouvoir depuis 30 ans, la mort de Déby surprend et laisse planer les doutes sur l’avenir du pays.
Selon le porte-parole de l’armée, le président Idriss Déby a succombé à ses blessures. Il a été touché par balles lors des affrontements entre l’armée et les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde du Tchad (FACT) à Kanem. Il venait pourtant d’être réélu pour un sixième mandat. Une élection boycottée par les grandes figures d’opposition.
Dans la foulée de la mort de Déby, c’est un autre Déby qui le remplace. Son fils Mahamat Idriss Déby, 38 ans, prend le pouvoir.
Pourtant, la Constitution faisait d’Haroun Kabadi, chef du Parlement, le président de la transition. Responsabilité que l’intéressé a refusé d’assumer. « Je pensais que ma présence en tant que président de la République par intérim ne pourrait pas permettre de trouver la stabilité, la sécurité et la paix que nous avons aujourd’hui parce que nous étions en guerre », s’est-il défendu à RFI.
Incertitude et panique après la mort de Déby
Ce mardi 20 avril 2021, dans la matinée, le Tchad se réveille dans la torpeur. Personne n’imagine un seul instant la mort du maréchal Idriss Déby. Le temps est suspendu à N’Djamena la capitale. « Les gens n’en revenaient pas. C’était comme une grosse blague. Déby est mort ? Certains n’arrivaient pas à y croire. C’était une surprise totale », se souvient Madjissembaye Ngardinon, journaliste tchadien. A l’annonce de la mort du président Déby, le journaliste se trouve au bureau.
« C’était la débandade. Les gens couraient dans tous les sens. Certains rentraient à la maison ou fuyaient la capitale pour aller à l’intérieur du pays. D’autres tentaient de se réfugier au Cameroun, voisin », relate-t-il.
C’était la panique, ajoute l’artiste Djerambété Ziller alias Willy Mac Kalach. « Les gens ont pensé que la guerre interne allait s’imposer. Plus de peur que de mal. Mais les tchadiens ont prouvé qu’ils aimaient le feu président. C’était tard », souffle-t-il. L’artiste confie avoir été « informé du décès du président Idriss Déby la veille par Abdelkerim Idriss Déby, un autre fils du défunt président ».
«…On était choqué»
« Le jour-j, le ministre des Finances m’a appelé pour me dire de rentrer peu importe où je suis. J’étais au bureau du DG de l’Energie en ce moment précis. On a appelé quelques proches pour leur demander de regagner leurs domiciles plus tôt. On était choqué », détaille l’artiste Willymac Kalach.
Dimanche 11 avril, jour du vote. Tout se passe sans incident. Le soir, les rebelles lancent une offensive à Tibesti, dans le nord du pays. Ils percent dans le Kanem. Ils sont au nord de la ville de Mao, à quelque 300 kilomètres de la capitale. Le président Idriss Déby décide d’aller au front comme dans ses habitudes. C’est un lundi 19 avril qu’il est touché au front lors des combats avec les rebelles. Il est évacué par hélicoptère. Il succombe quelques heures après, selon la version officielle.
« Dieu a aimé le Maréchal du Tchad, premier des Tchadiens plus que nous tous. Il est mort arme à la main comme il a voulu… C’est un guerrier. Chef de guerre », regrette Willymac Kalach, artiste proche du camp au pouvoir.
Trésor Mutombo