Ce lundi 12 août, plusieurs figures de l’opposition en Tanzanie, ont été arrêtées par la police nationale à quelques heures d’une manifestation antigouvernementale, selon un responsable du parti Chadema.
John Mrema, directeur de la communication du parti d’opposition, indique que le chef de Chadema aux côtés de John Pambalu, membre du mouvement de la jeunesse, ont été arrêtés par la police à leur arrivée à l’aéroport de Songwe.
Freeman Mbowe et son adjoint, Tundu Lissu, John Mnyika, le secrétaire général du parti, et Joseph Mbilinyi, un chanteur populaire et ancien candidat à la députation, ont été appréhendés dimanche dans la ville de Mbeya, dans le sud-ouest du pays.
Il s’agit de l’endroit, où devrait se tenir un rassemblement à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse.
« C’est inquiétant, car cela ressemble beaucoup aux arrestations massives d’opposants que nous avons enregistrées lorsque Magufuli était président. La Tanzanie ne devrait pas revenir dans cette direction, surtout à l’approche des élections », a affirmé Oryem Nyeko, chercheur sur la Tanzanie pour l’ONG Human Rights Watch (HRW), cité par l’AFP.
M. Nyeko s’est également dit surpris par les arrestations, estimant toutefois que les autorités tentent d’éviter un soulèvement comme au Kenya voisin, secoué depuis juin par des manifestations antigouvernementales.
En fait, le parti de l’opposition a déclaré qu’environ 10.000 jeunes devaient se réunir à Mbeya pour célébrer la Journée internationale de la jeunesse sous le slogan Prenez en charge votre avenir. Dans la matinée, la presse locale a affirmé qu’environ 500 jeunes sympathisants ont été interpellés par la police. Pourtant, ils se rendaient au rassemblement, avant d’être reconduits chez eux.
« Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tous nos dirigeants, membres et sympathisants qui ont été arrêtés dans différentes régions du pays. Le parti suit de près la situation et continuera d’informer le public de chaque évolution étape par étape » a-t-il dit.
Figure de l’opposition dans le pays d’Afrique de l’Est, Tundu Lissu, est rentré en Tanzanie en janvier 2023. C’était après plus de cinq ans d’exil. Il avait pris cette décision quelques jours après l’annonce de la levée de l’interdiction des meetings politiques d’opposition par la présidente Samia Suluhu Hassan.
Critique virulent du parti au pouvoir Chama Cha Mapinduzi (CCM), Tundu Lissu est revenu brièvement en Tanzanie en 2020 pour concourir à l’élection présidentielle face au président John Magufuli, qu’il avait qualifié de dictateur.
Lors de la victoire du sortant avec un score officiel de 84% des voix avait été contestée par l’opposition, qui avait appelé à manifester. Après le scrutin, Tundu Lissu avait reçu des menaces de mort et s’était réfugié chez des diplomates étrangers avant de pouvoir quitter le pays.
De son côté, après la mort soudaine du président John Magufuli, surnommé le Bulldozer, en mars 2021, Samia Suluhu Hassan, qui lui a réussi, est revenue sur plusieurs des politiques les plus controversées de son préalable. Il avait promis des réformes réclamées de longue date par l’opposition.
Alors que l’ élection présidentielle en Tanzanie est prévue en fin 2025, le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition s’intensifie. Dimanche, la police a annoncé l’interdiction du rassemblement prévu du mouvement de la jeunesse du parti, en invoquant des risques de manifestations violentes.
Josaphat Mayi