Au Tchad, des associations de journalistes dénoncent un enlèvement après l’arrestation du journaliste Badour Oumar Ali, rédacteur en chef du site d’information Tchadinfos, détenu à l’Agence nationale de sécurité de l’Etat (ANSE), a confié une source à Sahutiafrica.
Madjissembaye Ngardinon, directeur de publication de Tchadinfos, affirme ne pas savoir ce qu’on lui reproche. « Le directeur général de cette agence nous a dit qu’il est en train d’être auditionné. A la fin de l’audition, il a promis de rappeler pour nous dire ce qu’on lui reproche exactement. Mais, il n’a pas appelé. Lorsqu’on a essayé de rappeler, plus personne décroche », a-t-il déclaré.
Il dénonce un « enlèvement ». « Si c’était une arrestation, elle devrait se faire selon une procédure normale », a-t-il ajouté.
Jeudi, huit associations de journalistes ont, dans une déclaration, exigé la libération immédiate et sans condition de leur confrère. Elles donnent un délai de 24 heures au gouvernement pour agir. En fait, Badour Oumar Ali a été arrêté par les agents de l’ANSE au commissariat de police du 8ᵉ arrondissement de N’Djamena, où il était venu répondre à une invitation, en se faisant accompagner par un de ses confrères.
Bello Bakary, président de l’Association des médias en ligne au Tchad, est sous le choc. « Il y a encore au Tchad des gens, qui se permettent d’arrêter arbitrairement les journalistes sous des prétextes fallacieux », a-t-il déploré. Pour lui, il ne voit pas pourquoi le journaliste Badour Oumar devait être arrêté. « Même s’il devait être arrêté, ce n’est pas dans ces conditions », a-t-il ajouté.
Les associations de journalistes n’entendent pas faiblir la pression. Bello Bakary annonce « des actions encore plus vigoureuses » pour obtenir la libération du journaliste Badour Oumar, confiant ne pas savoir où il est détenu. « Il est quelque part dans une prison. C’est extraordinairement surprenant et choquant pour nous, les hommes de médias », a-t-il lâché.
Pour lui, la liberté de la presse est en train d’être tuée. « On est extrêmement inquiet, aujourd’hui, pour la liberté de la presse au Tchad et la vie des journalistes. On ne sait pas ce qui peut arriver à chacun d’entre nous. On part au travail, mais on a cette peur. Ce qui est inadmissible et intolérable en 2024 », a déploré M. Bakary.
Fin juillet, Tchadinfos, principal site d’information tchadien, avait déjà été suspendu pendant quatre jours. Ce qui a rendu inaccessible l’ensemble de ses publications. L’organisation Reporters sans frontière avait dénoncé cette suspension qu’elle a perçue comme « un levier de pressions sur les médias et un précédent dangereux ».
Quelques semaines plus tard, il y a cette arrestation de son rédacteur en chef. Bien avant, son correspondant basé à Abéché, dans l’est du Tchad, avait été interpellé dans les mêmes circonstances.
Trésor Mutombo