Il est difficile d’interagir avec Wakit Tama, coalition de partis d’opposition et de la société civile, qui jusque-là, ne reconnait pas la légalité du processus du dialogue national. C’est ce qu’a affirmé Acheik ibn Oumar, ministre tchadien chargé de la Réconciliation nationale, à RFI ce vendredi 3 décembre. Mais il affirme que « le gouvernement veut que les Tchadiens se retrouvent autour d’une même table pour dialoguer ».
« Avec Wakit Tama, il y a un problème principe. La position de principe de Wakit Tama est qu’il ne reconnaisse pas la légalité du Conseil militaire de transition (Cmt), du gouvernement ni du processus qui est en cours. On est obligé de les écouter en tant que des citoyens, mais c’est difficile d’interagir avec eux », a dit Acheik ibn Oumar. D’après lui, « le contexte qu’a connu le Tchad après la mort d’Idriss Déby : la mise en place d’un Cmt avec un gouvernement civil et la volonté d’en profiter pour résoudre définitivement la question de la violence, c’est une situation unique qui demande des formes d’approches tout à fait originales ».
Mais Max Loalngar, porte-parole de Wakit Tama, confie à Sahutiafrica que « les arguments avancés par le ministre Acheik ibn Oumar ne tiennent pas ». Pour lui, Wakit Tama, qui exige la charte de la transition soit revue, « reste ouvert pour le dialogue national ». « Dès le départ, nous avons dit que nous allons nous inviter au dialogue. Si non, il n’aura pas lieu. Il s’agit de jeter les bases de la nation future. Cela ne peut pas se faire sans nous », a-t-il réagi.
« Nous avons posé des préalables avant tout débat. Aujourd’hui, nous nous rendons compte qu’une partie est prise en compte avec le projet de loi portant armistice. Mais ce projet de loi reste très sélectif », a déclaré Max Loalngar, qui appelle à la mise en compte des conclusions de la conférence de Genève. Il déplore que « le processus du dialogue est saucissonné ».
Depuis la mort du président Idriss Déby en avril dernier, son fils Mahamat Idriss Déby dirige le Cmt. Le chef de la junte a promis d’organiser les élections pour un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de dix-huit mois et un dialogue national. Lundi 29 novembre, le gouvernement a initié un projet de loi portant armistice aux personnes condamnées pour terrorisme, complicité de terrorisme et enrôlement de mineurs dans les groupes armés. Une décision saluée par les mouvements politico-militaires, qui exigent des garanties avant de venir participer au dialogue. « Jusque-là, nous avons été dans l’engrenage de la guerre. Maintenant, nous avons déclenché un engrenage de la paix », a déclaré Acheik ibn Oumar, ministre tchadien de la Réconciliation.
Trésor Mutombo