Mardi 20 avril 2021. Ce jour-là, un Conseil militaire de transition (CMT) a été mis en place pour diriger le Tchad. C’était après l’annonce de la mort du président Idriss Déby Itno. Un an après, qu’en est-il de la transition dirigée par Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président ?
« Rien n’a été fait pour faciliter le vivre ensemble et la cohésion sociale. Mais aussi pour permettre aux Tchadiens de saisir l’occasion, qui leur a été offerte de juguler les problèmes qui minent le développement de ce pays. Un an après, le Tchad a fait un bond en arrière. Le pays a fait un saut dans l’inconnu », commente à Sahutiafrica le Dr Evariste Toldé, analyste politique tchadien.
L’analyste croit tout même que « le dialogue national inclusif reste l’occasion de jeter les bases d’un nouveau Tchad ».
«Les Tchadiens ne sont pas encore prêts à oublier le va-t-en-guerr»
« On pensait qu’après la mort du maréchal, les gens allaient prendre conscience, cela n’a pas été fait malheureusement », déplore-t-il. « Il y a plus d’une cinquantaine de mouvements armés au pré-dialogue de Doha au Qatar. Cela montre à suffisance que les Tchadiens ne sont pas encore prêts à oublier le va-t-en-guerre et leur attitude belliqueuse et guerrière ». C’est le constat fait par le Dr Evariste Toldé.
Au Tchad, le général Mahamat Idriss Déby, chef de la junte militaire, a promis d’organiser un dialogue national inclusif censé déboucher à des élections libres et transparentes. Avant ce dialogue prévu à N’Djamena, capitale tchadienne, en mai prochain, la junte au pouvoir négocie un cessez-le-feu avec les groupes armés à Doha au Qatar. L’objectif est de ramener l’opposition armée au dialogue national inclusif.
«La charte de la transition doit être révisée»
Mais ces discussions semblent aller à pas de tortue. Certains groupes armés accusent la junte d’avoir un agenda caché. Wakit Tama, coalition d’opposition, a suspendu toute négociation avec le pouvoir de N’Djamena. Et demande que la charte de la transition soit révisée.
L’analyste soutient que « la charte de la transition doit être révisée avant le dialogue national inclusif ». « Il se pourrait qu’à l’issue de ce dialogue, les participants puissent adopter une nouvelle charte de transition. C’est ce qui se fera inévitablement. Donc, s’il y a une nouvelle charte de transition, cela va abroger l’actuelle. On risque de se trouver dans une situation difficile à être démêlée parce que la junte militaire n’acceptera pas une autre charte que celle qu’elle a mise en place », craint-il.
« On risque de se trouver dans une situation un peu compliquée. C’est pourquoi les Tchadiens demandent que cette charte soit révisée pour intégrer des civils. Et que cette charte ne soit pas renouvelable après les dix-huit mois pour qu’il ait la paix et la quiétude », préconise le Dr Evariste Toldé.
Le Tchad s’apprête à organiser un dialogue national inclusif. Mais une question suscite une crise de confiance. Mahamat Idriss Déby va-t-il candidater lors de la prochaine présidentielle ? « J’assume une responsabilité qui est très lourde. Et cette responsabilité ne me permet pas de penser à ma personne », a répondu le chef de la junte militaire tchadienne à France 24.
Trésor Mutombo