Tension Paris-Bamako, jusqu’où peut aller le bras de fer ?

La France appelée à retirer ses troupes du Mali « sans délai ». C’est ce qu’a tranché la junte malienne ce vendredi 18 février. Une décision qui tombe au lendemain de la résolution du mini-sommet de l’Élysée de retirer les forces Barkhane et Takuba, engagées dans la lutte anti-djihadiste, du territoire malien sur fond de crise.

La guerre des mots. L’expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako. Les soupçons de faire recours à Wagner, groupe de mercenaires russes accusé d’avoir commis des exactions en Centrafrique par les Nations unies. Le retrait des troupes françaises engagées dans la lutte face à la montée de la menace djihadiste au Sahel. C’est l’histoire d’une rupture entre deux pays qui se sont crus liés par une amitié indéfectible. Jusqu’où peut aller ce bras de fer ?

« Les relations ont commencé à se dégrader lorsque la France a annoncé, en juin 2021, qu’elle abandonnait l’opération Barkhane. Les Maliens ont considéré cela comme une trahison. Donc, ils étaient abandonnés en plein vol. Il y a eu des incompréhensions. Depuis lors, ça ne s’est pas arrangé. Après, il y a eu la convocation de l’ambassadeur de France en octobre à Bamako. Il y a eu le renvoi de l’ambassadeur de France », analyse Seidik Abba, spécialiste des questions africaines. Qui pense qu’il n’est pas encore l’heure de parler d’une rupture des relations diplomatiques entre les deux États.

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Pas de rupture de relations diplomatiques

« Je pense qu’on ne va pas en arriver là. Les relations vont être dans cet état jusqu’à ce qu’il ait, peut-être, de part et d’autre la médiation qui permette d’améliorer les relations entre la France et le Mali », dit l’analyste. Il confie qu’il n’y a pas que Wagner, Paris et Bamako ont connu d’autres contentieux dans le passé. D’après Seidik Abba, « sous le président IBK, il y a déjà des tensions diplomatiques entre la France et le Mali autour de l’application de l’accord d’Alger ».

« Les Français considéraient que le régime d’IBK était responsable de la non-application de certaines dispositions de l’accord d’Alger. Après, il y a eu aussi entre la France et le Mali la question de négocier ou pas avec les groupes terroristes. Et on sait la position, qui a été celle du Mali. Le Mali a dit qu’on souhaite négocier. La France s’y est opposée. Là, il y a eu aussi des tensions diplomatiques », rappelle Seidik Abba.

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Jeudi 17 février. Alors que Paris et ses partenaires annoncent leur retrait du Mali, Bamako affirme être ouvert à coopérer dans un cadre bilatéral avec les pays européens engagés dans Takuba. « Les pays européens doivent aussi faire preuve de discernement dans la tension diplomatique entre la France et le Mali », a rapporté un communiqué de l’armée malienne.

Pourtant, l’opération Barkhane avait connu un début tambour battant en 2012, alors que le Mali était secoué par l’impasse djihadiste. Après un début triomphal, l’intervention militaire française au Mali devenait de plus en plus controversée.

Trésor Mutombo

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