Après avoir reçu le président Tshisekedi, le président Joao Lourenço, médiateur de l’Union africaine de la crise dans l’est de la RDC, doit échanger avec son homologue rwandais, Paul Kagame. Objectif ? Obtenir un dialogue direct entre les deux chefs d’Etat.
A Luanda, Joao Lourenço et Félix Tshisekedi n’ont fait aucune déclaration, ni un communiqué après une discussion qui a duré trois heures. Selon Tété Antonio, ministre angolais des Affaires étrangères, le président congolais aurait donné son accord de principe pour rencontrer le président Kagame. Sans toutefois donner plus des détails.
Il affirme « qu’il revient à la médiation de travailler sur les autres étapes pour matérialiser cette rencontre ». Jusque-là, aucune date n’a été fixée.
Mais, le président Tshisekedi continue de camper sur ses positions. S’il refuse de négocier avec les rebelles du M23, le chef d’Etat congolais a dit être ouvert à un dialogue avec Paul Kagame. Mais à certaines conditions. Lesquelles ? Il s’agit d’un « retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais, la cessation des hostilités et le cantonnement des rebelles du M23 », avait détaillé le président Tshisekedi lors du mini-sommet d’Addis-Abeba.
Entre-temps, Washington est activé pour obtenir une désescalade entre Kinshasa et Kigali. Depuis, le processus de Luanda, qui semblait à l’arrêt, est relancé. Analyste politique congolais et coordonnateur de la Dynamique de politologues en RDC (Dypol), Christian Moleka estime que la dynamique d’Addis-Abeba a entériné la position des Etats-Unis, celle d’une solution négociée et non militaire.
Pourtant, des observateurs de la région des Grands Lacs ont redouté une escalade militaire entre les deux Etats. Et, surtout, après une menace du président Tshisekedi de déclarer la guerre à la moindre escarmouche. Mais, il a adouci le ton, en revenant sur sa décision.
« Il est probable que la dynamique d’Addis-Abeba puisse momentanément escompter l’escalade des tensions entre la RDC et le Rwanda », affirme l’analyste congolais. Cela dépendra, selon lui, de la « capacité des initiatives à apporter des réponses concrètes sur le terrain ».
Sur le terrain, il s’observe une relative accalmie après un week-end marqué par les affrontements. Depuis la résurgence du M23, la RDC accuse le Rwanda de l’agresser. Ce que Kigali rejette, accusant l’armée congolaise de collaborer avec les rebelles FDLR.
Pourtant, les experts onusiens ont déjà attesté du soutien du Rwanda aux rebelles du M23, mais aussi de la présence des troupes rwandaises sur le territoire congolais. Le 12 février dernier, les Nations-Unies ont, dans un document interne, révélé que des éléments de l’armée rwandaise ont tiré au moins un missile sol-air dans l’est de la RDC.
Pour l’instant, chacun campe sur ses positions. Et, ce malgré des appels à une désescalade. Jusque-là, les pourparlers entre Kinshasa et Kigali n’ont pas connu de succès. Cette fois sera-t-elle la bonne ?
Trésor Mutombo