Le Rwanda ne va plus accueillir des réfugiés fuyant les violences dans l’est de la RDC, voisine, a annoncé Paul Kagame, président rwandais, lundi 9 janvier sur fond de tensions entre les deux pays, dont les relations sont orageuses depuis la résurgence du M23.
« Il y a un type de réfugiés que, je pense, nous n’accepterons plus. Nous ne pouvons pas continuer d’accueillir des réfugiés, pour lesquels, plus tard, nous sommes tenus pour responsables d’une certaine manière, ou même insultés », dit le chef de l’État rwandais.
Paul Kagame veut dissiper tout le malentendu. Ce qui se passe dans l’est du Congo n’est pas le problème du Rwanda. Pour lui, il n’est pas question de supporter ce fardeau. « Nous allons faire en sorte que tout le monde se rende compte que ce n’est pas le problème du Rwanda », indique-t-il.
La Rwanda accueille plus de 73 297 réfugiés ressortissants congolais. La RDC à son tour accueille, des réfugiés rwandais, au nombre de 210 067, selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Jusque-là, la RDC n’a pas encore réagi. Cette annonce suscite des réactions. « Depuis 1994, nous avons des réfugiés rwandais sur le territoire de la RDC. Ils y sont par milliers. Pourquoi il n’a jamais voulu que ses propres compatriotes rentrent dans leur pays ? Il n’a pas le monopole de l’hospitalité pour les réfugiés », a réagi le professeur Toussaint Tshilombo, cadre du PPRD, ancien parti au pouvoir, dans un tweet. Pour un autre internaute, M. Kagame a peur.
« Ça coince : les Hutus à la manœuvre! Et c’est simple : les Tutsis cantonnés dans des camps au Rwanda veulent rentrer en RDC ? Alors, les Hutus cantonnés en RDC veulent aussi rentrer au Rwanda. Match nul : voilà tous les soucis de Kagamé, car le silence des Hutus fait très peur », s’est exclamé sur Twitter.
Depuis que les rebelles du M23 ont resurgi, Kinshasa accuse Kigali de les soutenir. Le Rwanda l’a toujours nié et imputé la responsabilité de l’instabilité dans l’est de la RDC aux autorités congolaises. Kigali accuse aussi la communauté internationale de fermer les yeux sur le soutien de la RDC aux rebelles FDLR. Pourtant, un groupe d’experts onusiens a, dans un rapport, affirmé avoir collecté des preuves substantielles démontrant l’intervention directe des forces de défense rwandaises (RDF) sur le territoire congolais au moins entre novembre 2021 et octobre 2022.
Joe Kashama