Jeudi 30 juin, le président tunisien Kais Saied, a promulgué le projet de la nouvelle constitution qui sera soumis à un référendum du 25 juillet. Cette nouvelle constitution met fin au parlementarisme, renoue avec un pouvoir présidentiel fort, réduit le rôle des instances constitutionnelles, tout en supprimant la majorité, prive du droit de grève l’armée, la police, la douane et la justice.
Mais aussi que le président de la République exerce le pouvoir exécutif, aidé par un gouvernement dirigé par un chef de gouvernement qu’il désigne. Ce gouvernement ne sera pas présenté au Parlement pour obtenir la confiance.
Après avoir consulté le document, plusieurs personnalités publiques et figures du paysage politique tunisien ont réagi au contenu de la proposition de la nouvelle constitution.
Le secrétaire général d’Attayar, parti d’opposition, Ghazi Chaouachi, considère que cette constitution octroie les pouvoirs suprêmes au président. « La constitution du dieu suprême », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
De son côté, Jaouhar M’barek, leader du mouvement « Citoyens contre le coup d’Etat », estime que le préambule est le fruit de grandes hallucinations et que la constitution se base sur une tentative de règlement de comptes visant les opposants politiques.
« Le régime politique avait été copié sur celui de Ben Ali et portait atteinte à l’équilibre entre les pouvoirs. La mise en place d’un conseil des régions sans aucune prérogative pourrait conduire à plusieurs complications. Je refuse de soutenir ce texte résultant d’un coup d’Etat », a-t-il dit à un média local.
Le député et ancien membre du mouvement Ennadha, Samir Dilou, critique également les dispositions du préambule du projet de la nouvelle constitution. « Le projet soumis au référendum ne reprenait aucune des propositions de la commission nationale consultative pour une nouvelle République », a-t-il estimé.
D’un autre côté, Ridha Chiheb Mekki, l’un des principaux partisans de Kais Saied, a exprimé sa joie quant à la publication du projet de la Constitution. Il a partagé une phrase insinuant que la publication du projet de la nouvelle constitution est un pas de plus vers la fondation de la nouvelle patrie.
Après des mois de blocage politique, Kaïs Saïed, élu fin 2019, s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement, dominé par Ennahda, berceau du Printemps arabe. Le référendum sur la Constitution coïncidera avec le premier anniversaire de ce coup de force.
Ali Maliki