En Tunisie, les magistrats du tribunal administratif sont en grève depuis jeudi 17 février. Ils protestent contre la décision du président Kaïs Saïed de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Selon Rafika Mbarki, présidente de l’Union de magistrats tunisiens, ils rejettent le décret relatif à la création d’un organe judiciaire provisoire.
Elle affirme que « la majorité des magistrats du tribunal administratif ont participé à cette grève et que le taux de réussite a atteint à 98 % ». « Cette grève intervient pour exprimer notre rejet du décret présidentiel portant création du Conseil supérieur provisoire de la magistrature (la plus haute instance judiciaire), que nous considérons comme un coup d’État contre l’autorité judiciaire », a-t-elle dit.
« La grève est un droit constitutionnel, indépendamment de ce qui a été stipulé dans le décret présidentiel n° 11 interdisant la grève, qui est inconstitutionnel et constitue une violation des principes de l’indépendance du pouvoir judiciaire », a-t-elle ajouté Rafika Mbarki. Qui dénonce, en ce sens, l’ingérence de l’exécutif dans le système judiciaire.
Le 12 février dernier, la Présidence tunisienne avait, dans un communiqué, annoncé la promulgation du décret-loi, portant création du Conseil supérieur provisoire de la magistrature, qui a provoqué l’ire et le rejet de plusieurs instances judiciaires et forces politiques du pays. Cette décision a aussi suscité l’inquiétude des chancelleries étrangères.
Des appels à rétablir l’organe judiciaire se multiplient à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Élu en 2019, Kaïs Saïed avait réaffirmé vouloir assainir la justice, tout en assurant préserver son indépendance et ce, par la refonte du système judiciaire. Mais les partis d’opposition accusent le président Saïed de dérive dictatoriale.
Mervedie Mikanu