Un tribunal du Zimbabwe a renvoyé mercredi en prison, dans l’attente de leur procès pour « attroupement illicite », le chef de l’opposition Jameson Timba et 65 de ses partisans, tous détenus depuis près de trois mois.
M. Timba, qui a pris la tête en janvier de la Coalition des Citoyens pour le Changement (CCC), a été arrêté le 16 juin lors d’une réunion privée à son domicile d’Harare en compagnie d’environ 80 personnes. La police les accusait de vouloir inciter à troubler l’ordre public.
Le juge Collet Ncube a abandonné le chef de trouble à l’ordre public contre l’ensemble du groupe – arguant qu’il ne se trouvait pas dans l’espace public – mais maintenu celui d’attroupement illicite, sauf pour 12 d’entre eux, estimant que ces derniers ne prenaient pas part à la réunion.
Parmi ces 12, figure le fils de 19 ans de M. Timba, qui disait lui avoir rendu visite à l’occasion de la Fête des pères.
Le procès de M. Timba et ses compagnons a été rapporté à plusieurs reprises. Un autre tribunal a libéré mercredi, contre une caution de 150 dollars chacun, trois militants prodémocratie, arrêtés le 31 juillet pour troubles à l’ordre public après avoir protesté contre l’arrestation de M. Timba et de ses partisans.
Leur avocat Charles Kwaramba a indiqué s’attendre à les voir sortir de prison plus tard mercredi. La défenseure des droits de l’Homme Namatai Kwekweza, le syndicaliste enseignant Robson Chere et l’ex-conseiller municipal d’Harare Samuel Gwenzi avaient été débarqués de force à l’aéroport d’Harare d’un avion devant les emmener à une conférence de la société civile à Victoria Falls.
Le trio est sorti de prison mercredi soir. Namatai Kwekweza a dit aux journalistes qui l’attendaient ressentaient « un immense soulagement après 36 jours de pouvoir rentrer chez moi et retrouver ma famille ».
« Ce qui nous est arrivé s’est produit dans tout le pays et je crois que nous ne devons pas détourner notre attention », des autres arrestations, at-elle ajouté. « J’ai encore un peu mal après avoir été torturé », a raconté Robson Chere. Des experts de l’ONU affirment qu’ils ont été torturés en détention, notamment soumis à des simulacres de noyade.
Des groupes de défense des droits de l’Homme ont dénoncé des poursuites politiques visant à étouffer les voix discordantes avant le Sommet de l’organisation régionale d’Afrique australe SADC qui s’est tenu à Harare le 17 août.
Selon Amnesty International, les forces de sécurité zimbabwéennes ont arrêté plus de 160 membres de la société civile et de l’opposition. Le président Emmerson Mnangagwa, qui a pris la présidence tournante de la SADC lors du sommet, a succédé en 2017 à Robert Mugabe, écarté par l’armée après 37 ans au pouvoir, suscitant l’espoir d’un renouveau démocratique et d’un redressement d’une économie en plein marasme.
Mais cet ancien intime de Mobutu, membre comme lui de la Zanu-PF, parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, est désormais réputé encore plus autoritaire que son précédent.
L’opposition dénonce régulièrement une violente répression, encore accumulée depuis les élections de 2023 – irrégulièrement selon les observateurs internationaux – qui ont vu M. Mnangagwa être réélu et la Zanu-PF conserver sa majorité au Parlement.
AFP/Sahutiafrica