Dans un tumulte de voix, les questions fusent, se chevauchent, se mangent et s’embrassent sur tout, écho d’une pensée unique et tellement collective :
— Êtes-vous pour ou contre la peine de mort ?
— La peine de… ?
— La peine de mort…
— La peine de mots ou de maux ?
— La peine de mort, Monsieur…
— Et vous, où êtes-vous ?
— C’est moi qui pose les questions ici, contentez-vous de répondre…
— Bon…
— Ne le prenez pas mal, ni comme une dictature. Dites-vous simplement que c’est mon tour d’interroger…
— Pas de soucis ! Je comprends.
— Alors, êtes-vous pour ou contre la peine de mort ?
— Vous savez… tout ce qui peut faire de la peine à la mort m’excite véritablement…
— C’est-à-dire… ?
— Nous devons être contents, oui, tous contents, lorsque la mort souffre de peine. Une peine pleine quoi.
— Et vous êtes pour ou contre la peine de mort ?
— Je suis pour la peine de la mort. Elle seule devrait trépasser, mais elle est là, omniprésente, fauchant la vie. Ce monde est souvent si ironique…
— Finalement, que devons-nous retenir ?
— Qu’il faut infliger de la peine à la mort. Oui, il faut faire souffrir la misère du peuple. Il faut faire pleurer le désespoir, chagriner le tribalisme, le népotisme, l’égoïsme. Que la mort souffre en voyant le bonheur du peuple, pas seulement celui des politiciens, pasteurs ou privilégiés de la République. Il faut faire endurer la peine à la mort pour qu’un jour, elle, qui se nourrit de notre malheur, devienne aveugle. Alors, peut-être, le fléau du banditisme, nommé « kuluna », s’amenuisera, et d’autres vices comme la prostitution et la corruption s’éteindront dans leur propre peine. Voilà les véritables peines de mort que notre pays doit rechercher avant tout…
— J’espère que vous avez terminé ?
— Oui, à la peine de la mort !
Au Sage de conclure : « un homme qui est complètement nu ne peut jamais mettre les mains dans les poches. »
Si on avait du temps, on l’aurait traduit pour vous en lingala. Mais on ne pourra le faire. Il faut vite arrêter l’interview et aller dormir. Car, à tout moment, on peut être contacté pour être parmi les heureux élus, qui écriront une nouvelle constitution pour le pays. Car, il faut qu’on change la constitution. C’est la seule priorité aujourd’hui pour donner de la peine à la mort demain. Allez, dites un bon « amère » !
Christian Gombo, Ecrivain