Ce vendredi 24 janvier, les combats ont repris entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, qui ont tenté une percée dans la cité de Saké, dans l’est de la RDC.
Les affrontements ont repris vendredi dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), entre l’armée congolaise et le groupe armé antigouvernemental M23 soutenu par le Rwanda, l’ONU évoquant le chiffre de 400.000 déplacés par les combats depuis début janvier.
Après l’échec d’une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola, le M23 a repris du terrain ces dernières semaines et encercle désormais la capitale provinciale Goma, qui compte un million d’habitants et au moins autant de déplacés.
« Le nombre de déplacements est désormais de plus de 400.000 personnes rien que pour cette année, soit presque le double du nombre signalé la semaine dernière », a déclaré un porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Matthew Saltmarsh, lors d’un point de presse à Genève.
Jeudi soir, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres s’est dit « alarmé » par le regain de violences dans la région et a condamné une « offensive » du M23 qui pourrait aggraver « le risque d’une guerre régionale ».
Le président congolais Félix Tshisekedi a tenu dans la soirée une réunion de crise, selon la présidence. Il doit présider un conseil de défense dans la journée. Selon des sources militaire et onusienne, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général Peter Cirimwami, touché par balle jeudi près d’une ligne de front, est mort vendredi matin.
Sur le terrain, depuis le début de la matinée et après une journée de combats intenses la veille, les affrontements ont repris selon des sources militaires et sécuritaires, à une vingtaine de kilomètres seulement de Goma, ville au cœur des violences qui secouent l’est de la RDC depuis trente ans. Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 (« Mouvement du 23 mars »), né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante.
Aux abords de Kibati, à une dizaine de kilomètres au nord de Goma, la route qui mène au front est quasiment déserte et surveillée par des militaires et miliciens congolais, selon des journalistes de l’AFP.
Depuis plusieurs jours, les combattants du M23 postés dans les collines tirent des obus, selon eux. Les forces congolaises disent riposter avec des lance-roquettes, visibles à la remorque de leurs pickups.
Au moins « deux civils » ont été tués ces derniers jours par ces bombardements, selon l’administrateur local Jean-Marie Malosa.
«Ne pas paniquer»
Autour de Sake, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma et où des combats se sont également tenus jeudi, le M23 est toujours présent vendredi, selon une source militaire.
Des hélicoptères de combat de l’armée congolaise (FARDC) sont partis dans la matinée vers Sake et des détonations résonnent jusqu’à Goma, selon des journalistes de l’AFP et des témoins.
Jeudi, au moins une dizaine de véhicules blindés de transport de troupes de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC (Monusco) ont été aperçus se dirigeant vers l’ouest. Une colonne de blindés de la force régionale d’Afrique australe (SAMIDRC), en appui à l’armée congolaise, a également été vue transportant des canons.
Depuis jeudi, de nombreux civils fuyant les combats se dirigent à pied vers le centre de Goma. Les représentants de la société civile de la capitale provinciale ont demandé à la population « de ne pas paniquer, ne pas quitter la ville ».
Le conflit entre les combattants du M23 au côté de 3.000 à 4.000 soldats rwandais déployés dans l’est selon l’ONU, et les FARDC, dure depuis plus de trois ans et a aggravé une crise humanitaire chronique dans la région.
Kinshasa accuse Kigali de vouloir faire main basse sur les richesses de l’Est congolais, ce que le Rwanda conteste. Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques lancées pour tenter de régler la crise n’ont rien donné.
Une rencontre entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, dans le cadre du processus de paix chapeauté par l’Angola désigné médiateur par l’Union africaine, a été annulée en décembre faute d’entente sur les conditions d’un accord.
La Turquie, très active sur le continent africain, a proposé jeudi de mener une médiation RDC-Rwanda. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés dans la région, puis rompus. Le dernier cessez-le-feu a été signé fin juillet.
AFP/Sahutiafrica