Cadre dans une entreprise de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, Fabrice Rashidy garde jalousement l’un des rares exemplaires du journal “Elima” paru le jour d’après le combat entre Ali et Foreman. C’est considéré comme étant l’un des plus grands moments de l’histoire de la légende de la boxe mondiale, le « Rumble in the jungle », combat qui avait opposé le 30 octobre 1974 à Kinshasa, en RDC (Zaïre à l’époque).
«J’ai le même âge que ce journal que m’a offert ma Grand-mère, quand j’ai eu mes 17 ans ou 18 ans», raconte Fabrice Rashidy.
Plus de 45 ans après, le journal qu’il garde comme le seul héritage de sa Grand-mère est placé dans un cadre dans son salon. Les pages quelque peu en lambeaux, mais, les images du combat et la valeur de ce trésor sont intactes. «Cette oeuvre a une valeur sentimentale énorme pour moi, une valeur inestimable. Les pages de ce journal n’ont pas de prix. Si aujourd’hui je dois le confier à quelqu’un, ce serait confier une partie de moi, une partie de mon histoire, une partie de l’âme de ma Grand-mère», explique Fabrice Rashidy, nostalgique et la gorge serrée. Son histoire est celle d’un bébé qui est né quelques mois avant le 30 octobre 1974. Alors qu’il est encore bébé, sa Grand-mère lui achète le journal paru, le jour d’après le combat de la jungle. A la Une du journal est écrit « Le KO du siècle ». Cette Grand-mère qui ne sait ni lire ni écrire garde ce cadeau pour son petit fils.
«La question que je pourrai poser à ma grand-mère aujourd’hui est celle de savoir, pourquoi m’avoir acheté ce journal? Connaissait-elle la portée histoire qu’allait avoir ce combat? Ça reste une énigme pour moi. Mais, à Foreman et Ali, j’aurais aimé leur demander ce que le combat représentait pour eux? Pourquoi au Congo? Aujourd’hui, on ne peut pas parler de la carrière d’Ali et de Foreman sans faire allusion à ce combat», analyse Fabrice Rashidy.
Lorsqu’il reçoit son cadeau, le jeune homme qui s’apprête à aller en Europe est un peu déçu de recevoir de sa Grand-mère, des papiers d’un journal. Il le prend tout de même. Des années après, il commence à comprendre la portée histoire du combat de la Jungle et réalise la valeur du journal qu’il a. L’un des rares exemplaires encore en circulation, qu’il compte même sécuriser. «Quand j’ai compris la valeur de l’oeuvre, j’avais déjà perdu la première de couverture. Mais, je suis encore étonné d’avoir ce journal malgré les déplacements que j’ai effectués à travers le monde. Après ma compréhension de la portée historique de l’évènement, je me suis engagé dans la cause noire, j’ai lu et regardé des documentaires. Mais, la question à laquelle je n’aurais pas de réponse est celle de savoir est-ce ma Grand-mère savait que cet évènement allait avoir un retentissement mondial?»
En attendant, Fabrice Rashidy garde ce bien précieux, le seul héritage qu’il a de sa Grand-mère, qu’il n’a pas vu le jour de son décès.
Jacques Matand’