« Vous voyagez quel jour ?’’ C’est la question que les agents de l’INRB, Institut national de recherche biomédicale, posent à ceux qui viennent dans la salle pour se faire enregistrer. La question n’est pas banale. Elle détermine la validité des résultats, le jour du voyage. ‘’Pour voyager, à l’aéroport international de N’djili, on exige les tests Covid-19 récents, sans toutefois donner un nombre de jours exact’’, prévient Albert, dont la femme doit prendre l’avion dans deux jours.
Ils sont nombreux les Congolais qui désirent voyager. Une fois à l’INRB, une affiche indique aux voyageurs la procédure à suivre pour passer le test Covid-19. En ce début septembre, arrivée à 10 h, déjà plus de 430 noms figurent sur la liste des candidats. Après le dépôt du dossier à l’ambassade, pour les formalités de demande de visa, certaines représentations diplomatiques, celle du Sénégal par exemple, ne délivrent le visa que lorsqu’un test Covid-19 en cours de validité leur est présenté le voyageur. La durée de traitement des dossiers peut être courte, quarante-huit heures tout au plus. Le risque est grand de se voir délivrer un visa alors que le test Covid-19 ne sera plus valide le jour du voyage.

Dans la grande salle d’attente, il faut remplir un formulaire, amener la photocopie de sa pièce d’identité, le passeport de préférence. Une fois le dossier constitué, on appelle à tour de rôle les candidats à l’examen. Le service est assez bien organisé. Avant le prélèvement (sanguin ?), il faut passer devant la caisse pour payer 30 dollars US par test. Après cette étape, le voyageur passe par la salle de prélèvement. A tour de rôle, les agents appellent les patients suivant une liste. ‘’Ouvrez la bouche, on va prendre les prélèvements à la gorge et dans les narines’’, prévient l’une des infirmières. Sur les tabourets, les patients attendent. Certains crient lorsqu’on introduit la tige avec du coton dans leurs narines. Le plus souvent, ce sont seulement quelques larmes qui coulent, alors que le nez chatouille. ‘’Revenez demain, à partir de 10 h ou midi. Vous aurez les résultats’’, indique l’infirmière alors qu’elle remet un document comme preuve du prélèvement.
Pas des cas positifs parmi les voyageurs
Une semaine avant, une équipe est passée à domicile faire le prélèvement de François, qui devait se rendre en France. Il est à l’INRB pour refaire son test. L’équipe venue le rencontrer ne lui a pas donné les résultats. Juste une annonce. « Votre test est positif. On voit comment le refaire parce que certainement, dans les échantillons qui étaient ensemble avec le vôtre, il y a eu beaucoup de cas positifs », raconte François. Malgré le stress, il est confiant pour son état de santé. Vingt-quatre heures plus tard, il revient à l’INRB, son test est négatif. Ouf de soulagement ! ‘’Imaginez que si vraiment j’étais positif, j’aurais contaminé plus de monde. Heureusement que je ne le suis pas’’, se défoule-t-il.
Aux heures de forte affluence pour le retrait des résultats, il y a parfois beaucoup de monde, et le respect des gestes barrières n’est pas toujours évident. Parmi les voyageurs, il n’y a presque pas de cas positifs de Covid-19, confie une dame. ‘’Quand on paie ses 30 dollars US, je pense qu’il est difficile que le test soit positif à la Covid-19. Je n’ai pas encore entendu parler d’un cas positif’’, rigole-t-elle.

Pour avoir le précieux sésame voyageur, il faut parfois se lever tôt pour être parmi les premiers patients, au risque de devoir payer des pénalités et reporter son voyage. ‘’Un ami qui devait voyager pour Dubaï a reporté son voyage une fois à l’aéroport. Il y avait une erreur sur la date de son test. Les résultats dataient de plus de quatre jours, alors qu’il était allé la veille à l’INRB. Il a raté son voyage parce qu’à l’aéroport, on ne l’a pas laissé passer. Donc il faut vraiment faire attention avec ces tests. Il a dû payer les pénalités, retourner chez lui et repartir faire encore le test. Un calvaire !’’ raconte François.
Pour voyager en RDC via les vols nationaux, il faut avoir son test Covid-19 voyageur. Et pourtant, rien n’est fait pour ceux qui voyagent par la route ou en bateau. Comme si le coronavirus ne pouvait se transmettre que dans les airs et jamais par la route ou en bateau.
Jacques Matand’