«Je suis un parieur. Je joue aux paris sportifs tous les jours. C’est mon business. Cette année, j’ai payé mes frais académiques avec l’argent que j’ai gagné dans les paris. Je ne peux pas arrêter les paris sportifs», confie Danny, étudiant en Droit à l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Il discute avec ses amis sur les prochaines mises intéressantes.
A Kinshasa, capitale de la RDCongo, les paris sportifs sont devenus un gagne-pain quotidien pour beaucoup de parieurs. Dimanche 11 juillet, il fait chaud à Kinshasa. Près du rond-point Huileries, commune de Lingwala, une société de pari a emménagé une salle pour ses clients. Ils sont de tout âge. Les jeunes parieurs et les vieux se côtoient dans la salle. Ils ont les yeux fixé sur le programme de pronostics. Un papier et un stylo à la main. Sur les écrans de télévision, les images des actions de football défilent. L’ambiance est bon-enfant. Certains parieurs sont devant le guichet pour récupérer leur gain des pronostics de la veille. D’autres ont leurs tickets de pari pour les rencontres du jour. Suspens! Dans la salle de pari, il n’y a presque pas de femmes.
«C’est un vieux du quartier qui m’a initié à ce jeu. Un jour, j’ai déjà gagné plus de 100.000 Franc congolais. Pour moi, c’était un miracle. Souvent, j’ai misé pour 1000 FC (moins de 1 USD). Mais je connais ceux qui misent de gros montants, parfois ils gagnent et perdent aussi. J’ai perdu plusieurs fois. Mais je continue de jouer parce que c’est un business, assez rentable, avec un peu de chance», raconte Isaac Yasa, tout souriant. Il n’est pas prêt de s’arrêter.
«Je connais un petit qui a gagné 11 millions FC (plus de 7.000 USD), alors qu’il n’avait misé que pour 300 FC. C’est un jeu de hasard. Tout dépend de votre inspiration. Je n’ai pas encore gagné de millions. Mais j’ai déjà gagné beaucoup d’argents. Pourtant, j’avais misé pour 300 FC. Pendant l’Euro, j’ai gagné plus de 80.000 FC. C’est un jeu « mystique ». J’ai vu certaines personnes se marier grâce aux paris sportifs», indique Francis Mwamba, la trentaine révolue.
Les déçus de paris sportifs
Les parieurs n’ont pas que de bons souvenirs. Certains en garde des mauvais souvenirs. Au centre de cette salle de pari près du Rond-Point des Huileries, d’autres parieurs pleurent carrément. Leur pari a échoué. Les combinaisons également. Ils viennent de perdre de l’argent. «Nous ne mangeons pas l’argent du blanc. C’est plutôt lui qui bouffe notre argent. En fait, le pari sportif nous suce l’argent», lancent un groupe de parieurs en discussion sur les performances de Léonel Messi et de Cristiano Ronaldo. D’autres discutent du FC Barcelone et du Real de Madrid.
«De 2018 à 2020, j’ai beaucoup joué au pari sportif. J’ai joué pour gagner de l’argent facilement. Il m’est arrivé de gagner. Mais ce n’étaient pas de grosses sommes. J’ai remarqué que je perdais beaucoup d’argents. Surtout avec de loto, tu peux miser 5000 FC pour ne gagner que 200 FC. C’est pour cela que j’ai décidé d’arrêter», déclaré Franck Malengele, ancien parieur.
A Kinshasa, beaucoup de jeunes et certains adultes s’adonnent parfois aux paris pour tuer le temps et faute d’emploi. C’est devenu une vraie occupation et une profession pour d’autres. Parfois, d’autres parieurs recourent aux mathématiques, notamment les analyses combinatoires et les calculs de probabilité pour maximiser leurs chances de gain. Malgré cela, le pari n’est pas une science exacte en fait. Seul le hasard décide et la chance.
Trésor Mutombo