Deux nuls. Une défaite. Zéro but marqué. Tel est le bilan des Léopards A’ de la RDC éliminés dès le premier tour au Championnat d’Afrique des nations (CHAN) Algérie 2022. Ce qui est une première dans l’histoire ressemble plus à un déclin du football congolais.
Dimanche 22 janvier. La soirée est longue. Des supporters congolais ont eu une nuit hantée par la défaite des Léopards A’, pour plusieurs humiliante, face au Sénégal. Score du match : 3-0. La RDC est débarquée de la compétition après des piètres prestations. Son rêve de plante une troisième étoile s’envole. Des analystes, eux, disent ne pas être surpris. Pourquoi ?
Manque de préparation ?
« On n’avait pas un bon niveau. Cela se fait remarquer sur le terrain. On avait énormément des problèmes dans l’organisation de jeu et le manque d’efficacité devant le but. Notre défense était apathique. On n’était pas bon dans les transitions. Ce sont les raisons qui peuvent justifier cette débâcle, car il y avait une bonne ambiance entre les joueurs », commente Grâce Diakubama, journaliste congolais, depuis Annaba en Algérie.
Il affirme que certains choix d’Otis Ngoma, sélectionneur congolais, n’étaient pas « judicieux ». Surtout le fait de ne pas sélectionner Horso Mwaku, actuel meilleur buteur championnat congolais. La sélection d’Ebunga ou de Jean-Marc Mundele Makusu. Même au lendemain de cette débâcle, les choix tactiques d’Otis Ngoma, sélectionneur congolais, alimentent toujours des débats dans des coins de rues de Kinshasa, où des amateurs du football sont nostalgiques de l’épopée de Jean-Florent Ibenge à la tête de cette sélection, vainqueur du CHAN en 2016.
32 tirs, seulement 7 cadrés
Du premier au dernier match, Otis Ngoma a aligné trois équipes différentes. Toutes sans contenu, sans fond de jeu et moins inspirée. L’attaque congolaise est la plus faible du tournoi. Sur les 32 tirs tentés en trois matchs de poule, seulement 7 ont été cadrés. Aucun but marqué. La défense de Léopards, elle, a été secouée face à l’Ouganda. Elle a tremblé et flotté devant la Côte d’Ivoire. Puis s’est finalement écroulée comme un château de cartes devant la rapidité et la justesse sénégalaise. Pour Otis Ngoma, ils n’ont pas eu assez de temps pour se préparer. Ce qui ne surprend pas Célestin Kabala Mwana Mbuyi, spécialiste du football congolais. « Vous ne récoltez que ce que vous avez semé. On a semé ce qui ne pouvait qu’être défavorable au football : la désorganisation », dit-il.
Absente à la dernière CAN au Cameroun. Déjà mal embarquée dans les éliminatoires de la prochaine CAN avec un zéro pointé après deux matchs dans un groupe dominé par le Gabon et la Mauritanie. Participation catastrophique au CHAN… La RDC poursuit une série faite de successions des piètres performances. Les prestations de Léopards mettent à nu le niveau du football congolais qui régresse. Encore et toujours.
Le football d’âge
Pendant ce temps, des équipes d’âge, censées assurer la relève, sont souvent orphelines. Les U17 ont même été privés d’une compétition qualificative pour la CAN de la catégorie en raison des problèmes administratifs. Le championnat national (LINAFOO), qui connait des reports en série, manque de régularité. Pour Grâce Diakubama, les Léopards ont reflété le vrai visage du football congolais. « Il faut tirer des leçons dans l’organisation de notre football. On doit aussi donner de la lumière aux jeunes parce que cette compétition a été créée pour ça. Mais lorsqu’on amène une équipe vieillissante comme la nôtre, c’est pour vendre quel talent ? », s’interroge-t-il, déçu par les prestations des Léopards.
M. Kabala dit être étonné que les résolutions des états-généraux du sport souffrent encore d’application. D’après lui, il faut commencer par assoir le football d’âge à partir d’un programme et des schémas bien déterminés pour former des encadreurs en fonction de cela.
« Si vous regardez des gens, qui ont récolté des bons résultats, ont mis sur pied des organisations bien définies. Ils ont planifié leurs actions en vertu d’un programme. Jusque-là, nous naviguons à vue. Le chef de l’État a un programme que je trouve génial de développer les 145 territoires. Ainsi, nous devons calquer l’organisation notre football sur ça. Il ne faut pas que tout soit hypertrophié à partir de Kinshasa. Nous avons des jeunes talentueux à travers le pays, il faut aussi leur donner la chance de prouver leur talent. Il est plus que temps qu’on se remette en question », conclut Célestin Kabala Mwana Mbuyi.
Trésor Mutombo