Congo : «…je veux imposer mon nom parmi les grands de la musique africaine» (Young Ace Wayé), deuxième partie

Nous publions ce lundi 20 septembre la deuxième partie de l’interview exclusive avec l’artiste Rolf Derly Nganga, connu sous le nom de Young Ace Wayé. Vainqueur du prix Découvertes RFI, Young Ace Wayé se présente comme l’ambassadeur de la musique urbain au Congo-Brazzaville. Un défi dans un pays où la «rumba» et le «ndombolo» dominent dans le milieu musical. Young Ace Wayé, la vingtaine révolue, confie son ambition d’imposer son nom parmi les grands de la musique africaine.

Sahutiafrica : Dans la chanson Mbok’oyo, vous parlez de certaines réalités de votre pays. Qu’exprime Young Ace dans ses textes ?

Young Ace Wayé : Mes textes racontent la société. Les faits sociaux. Ce qui m’entoure et ce qui fait réellement mal aux gens. C’est dans quoi les gens ont besoin d’être réconfortés. Faire de la musique, c’est bien. Faire une musique qui parle aux gens, c’est mieux. Quand vous arrivez à retranscrire les émotions des gens dans vos chansons. Là vous êtes parmi les meilleurs artistes.

Dans ma musique, j’aime bien parler des faits sociaux. Dans Mboko’yo, je parle des faits sociaux et de ce qui ne va pas dans la société. C’est d’ailleurs l’un de mes sons les plus prisés par les gens puisque ça leur parle vraiment. J’essaie toujours d’avoir cette orientation quand je prends mon stylo pour écrire. J’ai d’ailleurs écrit un titre sur les taximen que j’ai eu la chance d’interpréter au FEMUA. C’est une chanson, qui parle un peu des difficultés que les taximen rencontrent.

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SA : «Je ne suis pas soulard», une collaboration que vous avez eu avec l’artiste Zaho, vainqueur du prix découvertes RFI en 1982. Quel message voulez-vous transmettre ? 

YAW : Il faut noter que cette chanson est très sarcastique. Dans cette chanson, on essaie de veiller les gens sur le danger de l’alcool. Déjà parce que si vous avez vu les images à la fin, on rappelle que l’abus d’alcool est dangereux pour la dignité. Je pense que tout le monde a envie d’être digne. Donc, il y a ce point déjà qu’on évoque. Puis comme le dit le refrain, «tout le monde m’appelle soulard, mais je ne suis pas soulard». Je l’ai facilement associé à ma phrase qui est dans la chanson Mbok’oyo. Je dis que je bois la bière parce qu’il n’y a pas d’eau dans le robinet. C’est une forme de sarcasme pour parler de ce qui ne va pas dans nos sociétés. Ce qui pourrait aller mieux au fait. On parle des réalités qui nous font mal, mais vraiment en riant. Le message derrière est qu’il y a certains maux qui minent notre société. Et si tout le monde faisait son travail, je pense que les choses iraient mieux. C’est comme une suite de Mbok’oyo.

SA : Et dans Cœur de pierre ? 

YAW : La chanson cœur de Pierre est un cocktail de toutes les émotions. Que je rencontre depuis que je suis dans la musique. Je parle dans un passage de la perte de mon père. Et du fait que je n’ai pas encore fait mon deuil. Je parle de mon ambition de m’imposer. C’est un peu comme une récapitulation de ce que j’ai eu à faire. Et de ce que j’ai envie de faire.

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SA : Comment avez-vous rencontré le rap ?

YAW : J’ai d’abord rencontré le rap en tant qu’auditeur en écoutant du rap français, en allant de Booba à Rohff. Je décide alors de me lancer. Pour commencer, j’interprète les textes de chansons que j’aime bien. Ce sont mes amis qui m’incitent à me lancer. Ils me disent que tu te débrouilles pas mal pourquoi tu n’essayeras pas. En ce moment-là, je commence à écrire mes premiers textes. J’enregistre mes premières chansons. Il y a un certain engouement autour de moi à l’école d’abord. Les gens me poussent. Et jusqu’à ce que le rap devienne une partie de ma vie. Je ne peux plus me passer de la musique. Je suis toujours en train de composer ou de travailler sur un truc.

SA : Quel rappeur vous a le plus inspiré à cette époque-là ?

YAW : Comme je disais tout à l’heure, c’est ma rencontre avec le rap français qui me pousse à me lancer dans le rap. J’écoute notamment des artistes comme Booba et Rohff à cette époque. Je m’intéresse à la culture de hip-hop de cette époque-là. J’apprends le code et ce qui se passe enfin de ne pas être seulement en rapport. Mais d’être dans la chose surtout.

Propos recueillis par Trésor Mutombo de retour d’Abidjan

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