Samedi 11 septembre, Abidjan s’est réveillé sous un soleil de plomb. A Treichville, commune située sur l’île de Petit-Bassam, des magasins et des boutiques d’habillement sont ouverts. Sur « La rue 18 », toujours à Treichville les revendeurs ambulants de chaussures se sont installés. Ils y font leurs affaires. C’est calme. Les revendeurs de chaussures travaillent en plein air. Ils achètent de chaussures de seconde main pour les revendre.
Ces vendeurs ont une particularité, ils viennent tous du Mali. Mariés et célibataires se côtoient dans une belle ambiance. Les échanges se font en « Bambara », l’une des langues parlées au Mali.
«On se cotise pour acheter les marchandises en gros chez les Ghanéens, qui sont au marché d’Adjamé. Puis on se partage selon la contribution de chacun et de ses moyens. Les montants de contributions vont de 25.000 FCFA (50 Usd) à 50.000 FCFA (100 Usd) ou plus. Le genre des chaussures et la quantité déterminent le montant de la contribution », explique Mohamed Cissé, devant son étalage de chaussure de sport. Mohamed vit entre Abidjan et Bamako. Sa famille est restée à Bamako, capitale du Mali. « On a quitté le Mali pour venir chercher ici. Ce que nous faisons ici, on ne peut pas le faire au Mali », souffle-t-il. Il ne donnera pas plus de détails. Mais, la situation politique dans son pays y serait pour quelque chose.
« Grâce à ce travail, j’ai nourri ma famille »
« C’est depuis 2004 que je fais ce commerce. Maintenant les affaires tournent lentement. Mais, on peut dire que ça va. Les clients affluent plus au mois de décembre. Souvent, ce sont les jeunes qui viennent acheter. Grâce à ce travail que j’ai trouvé l’argent pour me marier. Et j’ai nourri ma famille qui vit au Mali. On a quitté le Mali parce qu’il y a la crise là-bas », raconte Moctar Cissé, lui aussi vendeur ambulant. Casquette de la Juventus de Turin vissée sur la tête, Moctar Cissé, expose ses articles devant certains magasins, lorsqu’il trouve un peu d’espace. Si non, il sillonne les rues du marché pour écouler sa marchandise. Croyant, il espère progresser dans son business et rêve d’avoir son propre magasin.
Issa, un autre vendeur ambulant de chaussures, donne une forme aux chaussures qu’il doit revendre. Il enfonce quelques bouts d’habits pour redresser les baskets. Arrivé en Côte d’Ivoire depuis 2020, Issa s’est lancé dans la revente de chaussures comme beaucoup de ses compatriotes. A ses côtés, plusieurs baskets sont étalés sous le soleil sur une table en bois. Les prix des chaussures de sport ne sont pas fixés en avance. Mais ils varient généralement entre 4.000 et 5.000 FCFA.
Au marché, les vendeurs paient une taxe, trimestrielle, de 6000 Fcfa instaurée par la maire ivoirienne.
«Je viens de Gosi qui se trouve près de Gao. Depuis que je suis venu à Abidjan, j’envoie à mes parents ce que gagne ici. Par jour, je peux me retrouver avec 15.000 ou 20.000 FCFA. Mais il y a des jours où tu peux vendre une seule paire. On prend les chaussures à Adjamé après on vient les laver ici. Lorsqu’on finit, on fait notre commerce ambulant dans les rues d’Abidjan», dit Hamidou Cissé, dans la vingtaine. Il affirme se battre un avenir meilleur.
« Le bonheur ne vient pas à ceux qui l’attendent assis », dit un dicton de Baden-Powell. Ces Maliens venus en Côte d’Ivoire, sillonnent les marchés à la recherche du bonheur. Un bonheur qui se trouve au bout de la vente des paires de chaussures.
Trésor Mutombo de retour d’Abidjan