Au moins trois personnes ont été tuées et vingt-sept blessées dans l’attaque menée durant 13 heures par des islamistes radicaux shebab dans un hôtel dans la capitale somalienne Mogadiscio, a annoncé vendredi un porte-parole de la police.
Parmi les 27 blessés figurent 18 civils, dont trois parlementaires, a précisé le colonel Qasim Ahmed Roble, quelques heures après l’annonce de la fin des opérations de police et de la mort des cinq assaillants.
L’attaque, revendiquée par le groupe islamiste affilié à Al-Qaïda, a visé l’hôtel SYL, établissement fréquenté par des responsables gouvernementaux et des parlementaires, à proximité de Villa Somalia, enceinte ultra-sécurisée qui abrite la présidence et les bureaux du Premier ministre.
Selon des témoignages recueillis par l’AFP, un commando d’hommes armés a pénétré dans l’hôtel jeudi vers 21H45 locale (18H45 GMT), après avoir endommagé le mur d’enceinte à l’explosif.
Des forces de police sont arrivées peu après, engageant une bataille qui a duré jusque dans la matinée. Le SYL est une cible récurrente des shebab. Cette attaque est au moins la cinquième depuis 2015. La dernière, en décembre 2019, avait fait cinq morts.
L’ambassade américaine a condamné sur X « dans les termes les plus fermes » cette « attaque terroriste », et rappelé que les Etats-Unis sont « déterminés à soutenir les efforts somaliens pour vaincre les shebab », qui mènent depuis plus de 16 ans une insurrection meurtrière visant à renverser le gouvernement soutenu par la communauté internationale et instaurer la loi islamique.
«Signal»
« Il s’agit d’une attaque significative qui rompt avec l’impression de calme qui s’était développée à Mogadiscio ces derniers mois après certaines réformes sécuritaires », a estimé à l’AFP Omar Mahmood, chercheur à l’International Crisis Group.
Menée quelques jours après le début du ramadan, elle « constitue également un signal des shebab », ajoute-t-il : « Malgré les nombreux efforts annoncés par le gouvernement pour les affaiblir, le groupe reste actif et résilient et est même capable de frapper le gouvernement près de son siège ».
Elu en mai 2022, le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a promis une « guerre totale » contre le groupe islamiste.
Chassés des principales villes en 2011-2012, les shebab restent solidement implantés dans de vastes zones rurales du centre et du sud du pays, d’où il mène des attentats contre des cibles sécuritaires, politiques et civiles.
Une offensive menée depuis août 2022 dans le centre du pays par l’armée et des milices claniques, avec l’appui aérien de l’armée américaine et de la force de l’Union africaine dans le pays (Atmis), avait permis de reconquérir des territoires, avant de marquer le pas ces derniers mois.
Les shebab y mènent désormais des contre-attaques localisées. Selon l’agence de presse nationale Sonna, Hassan Cheikh Mohamoud et des responsables militaires ont tenu jeudi une « réunion stratégique » pour « discuter de l’intensification des opérations visant à reconquérir des territoires aux terroristes ».
Attaques «complexes»
En janvier, les shebab ont pris en otage un nombre non révélé de personnes, après qu’un hélicoptère de l’ONU a été contraint à un atterrissage d’urgence dans une zone sous leur contrôle dans le centre du pays.
Ils prennent régulièrement pour cible des hôtels de la capitale fréquentés par des responsables gouvernementaux, militaires ou des forces de sécurité.
Outre le SYL, des attaques dites « complexes » (attentat à la voiture piégée ou avec un kamikaze muni d’explosifs suivi d’un assaut par des hommes armés) ont visé plusieurs établissements ces dernières années: le Pearl Beach en juin 2023 (9 morts, dont 3 policiers), le Villa Rose en novembre 2022 (8 morts), l’hôtel Hayat en août 2022 (21 morts, 117 blessés), l’hôtel Afrik en février 2021 (5 morts), l’hôtel Elite en août 2020 (11 morts, dont un policier)…
Les shebab visent également des cibles militaires, comme le 26 mai 2023 quand un spectaculaire assaut sur une base tenue par des soldats ougandais de l’Atmis à Bulo Marer (sud) a tué au moins 54 militaires selon les autorités ougandaises.
Le 29 octobre 2022, le pays avait connu l’attaque la plus meurtrière en cinq ans avec l’explosion de deux voitures piégées en plein coeur de Mogadiscio, tuant 121 personnes – essentiellement civiles – et en blessant 333.
AFP/Sahutiafrica