Il pleut et c’est Kin qui pleure ! Kin, ville-mendicité maladive de la laideur et de l’oubli ! Oui ! Kin pleure ! Kin pleure sa mère, son père, ses amis, ses enfants, ses bâtards, ses fils, oui, Kin, pleure, avec un regard chargé d’amertume, un visage marqué par le désespoir, tel un noyé échoué sur les rives d’une existence déchue…
Il pleut et c’est Kin qui pleure ! Ô Kin, ville-poubelle plurielle, pleure ! Ô Kin, ville sans étoiles et sans lumière ! À ce qu’il paraît, de là où l’on se tient, le soleil se dérobe, et les étoiles, comme des rêves envolés, ne daignent plus scintiller, la lune se cache derrière un ciel trop sale, trop lourd de tristesse et de négligence.
Il pleut et c’est Kin qui pleure ! Kin Bopeto a fui, emporté avec lui nos taxes, nos impôts, nos redevances, nos dîmes chez les roulages, nos offrandes chez les Bureaux 2… Kin Bopeto a transformé Zando en un marché plus beau que l’Allemagne, oui, Kin Bopeto a bâti l’autel de la vilenie ! Oups ! L’hôtel (Pardon ! Je n’aime pas mentir).
Il pleut et c’est Kin qui pleure ! Nos larmes, mélangées aux eaux des pluies diluviennes, forment des lacs et des rivières temporaires mais si éternelles ! À ce qu’il paraît, le chemin qui mène à l’aéroport s’est métamorphosé en fleuve. Malgré les sauts de mouton, malgré les goudrons bon marché qui composent des routes en porcelaine, déjà le vent annonciateur de pluie brise tout sur son passage…
Il pleut et c’est Kin qui pleure ! On rame partout sans bateau, naufragés sur notre propre terre, et personne n’a assez de foi pour marcher sur l’eau ! (Nos prophètes, figures de foi, semblent aveugles face à ce genre de calamités : des maisons dévastées, emportées par les flots, des vies violées, volées, des sans-abris laissés pour morts, tandis que partout Dieu a des temples, des églises, qu’Il n’habite plus…)
C’est normal : notre Christ est noir ! Il est bel et bien noir, si noir qu’on ne le voit presque jamais ! Même dans les bouteilles de bière, personne ne le distingue ! Et pourtant, tout le monde sait que ce ne sont pas les ivrognes qui polluent les rues avec du plastique que la nature peine à digérer !
Il pleut et c’est Kin qui pleure ! État de doigt ! État de droit ! Quel diable verrait la différence ? Et pourquoi ne pointons-nous pas notre doigt vers le Ciel pour boucher ses nerfs ? La colère gronde, la désespérance s’accumule, et pourtant, au cœur de ce chaos, une lueur d’espoir persiste, une volonté de changement sommeille. Kin, ô ma ville, pleure, mais dans tes larmes, il y a la promesse d’un renouveau, d’une résilience, d’un cri pour la justice et la dignité.
Et comme au pays on prend toujours les mêmes choses pour recommencer, et comme au pays, on espère toujours que les mêmes causes ne produiront pas un jour les mêmes effets parce qu’au paradis où l’on rêve tous de vivre malgré la saleté dans notre environnement qu’on n’est pas du tout pressé de quitter nous avons maintenant « Kin ezobonga » à la place de « Kin bopeto ». A la fin du mandat, on connaît déjà la chanson « nous avions eu la volonté dure comme fer de changer Kin, mais le gouvernement central ne nous a jamais remis l’argent qu’il fallait ».
Dans l’entre temps, ils ne démissionneront jamais et ils postuleront toujours pour un pouvoir sans pouvoir car ce pouvoir là au moins leur permet de changer de niveau de vie à la même vitesse de la dégradation de la ville. « Kin ezobonga » autant mieux attendre Christ sans être triste. Pourquoi ? C’est simple : Il revient bientôt ! Comme notre bien-être collectif qui arrivera un jour…
Christian Gombo, Ecrivain