« La libération des prisonniers condamnés semble être un message fort d’abandon dans la lutte contre la corruption », a déclaré Jimmy Kande, militant congolais anticorruption et chercheur au groupe d’étude sur le Congo (Gec) dans un entretien à Sahutiafrica. Il constate que la lutte contre la corruption n’est plus la priorité du gouvernement congolais depuis un moment. Et que les personnes condamnées dans le dossier 100 jours ont été presque toutes libérées.
Il déplore l’influence qu’exerce la politique sur la justice. Cette dernière est sacrifiée sur l’autel de la politique. « La RDC n’est pas encore prête à engager une vraie lutte contre la corruption. Il y a des faits qui montrent que le pouvoir interfère dans la justice, nous avons vu par exemple le président Félix Tshisekedi prendre parti pour son ancien directeur de cabinet bien que condamné par la justice. Quand nous faisons des analyses, on peut quand même voir une main de la politique dans certains dossiers », a dit Jimmy Kande.
Pour réduire l’impact de la corruption en RDC, il estime « qu’il faut commencer par renforcer le contrôle des finances publiques et des entités publiques notamment par la cour des comptes qui est un organe constitutionnel qui doit contrôler les entités publiques aux niveaux central et décentralisé ».
Selon le chercheur cela demande de la volonté politique afin que le gouvernement lors de l’élaboration du budget puisse doter des organes de contrôle des moyens conséquents afin que ces derniers puissent réellement faire leur travail ».
« Nous ne devons pas attendre que l’argent soit détourné pour que la justice intervienne. Nous devons travailler en amont, et cela passe par le renforcement du contrôle dans les finances publiques, dans la chaîne de la dépense publique. Mais aussi renforcer le travail de la justice en donnant aux magistrats les moyens qui les mettent à l’abri de la corruption, et de travailler de manière à rendre beaucoup plus impartiale la justice de façon que ceux qui seront condamnés puissent vraiment purger leur peine », a-t-il plaidé.
Dinho Kazadi