« Mimoza Pompage 2.000 francs, oboyi okiti (Zando, c’est 2.000 Fc la course, tu refuses, tu descends) », tonne un receveur d’un bus 207 à l’arrêt Hôtel de ville de Kinshasa, capitale congolaise.
Le matin à Bandalungwa, Lemba, Ngaliema… Tout comme le soir à l’heure de la sortie des bureaux, des milliers de kinois, salariés et autres, attendent un bus, un taxi, un taxi-bus, une moto-taxi… En cette période des préparatifs des fêtes de fin d’année, où tout le monde s’afflue à Zando (Grand-marché) pour acheter ou vendre différents articles, le transport en commun devient rare.
« Ce n’est pas facile de trouver un transport aux heures de pointe, mais aussi d’en trouver à un prix abordable », confie à Sahutiafrica James, la trentaine et joueur de foot amateur.
Il est 17h passées de 40 minutes à l’arrêt Sabena, des hommes et des femmes de tout âge, courent comme des collégiens dès qu’un bus 207 se présente. « Mbongo na sé (il faut payer avant de monter) », dit le receveur d’un ton menaçant.
« Mbongo eza pasi mwana na ngai pona nini koniokola biso boye (il y a manque d’argent ces derniers temps mon fils, pourquoi nous faire souffrir tant) », se plaint une mère âgée dans la cinquantaine révolue. Au chauffeur du bus de répondre : « Les routes sont bondées de voitures à cause des embouteillages en plus, cela consomme le carburant ».
A l’intérieur du véhicule, les passagers de tous les sexes se pressent les uns contre les autres sans un centimètre d’espace. « Camarade, poussez-vous qu’on se mette même à cinq sur ce banc, s’il vous plaît », demande un père de famille, fatigué d’avoir trop attendu pour trouver un bus.
Face à cette situation, d’autres chauffeurs ont recours à un système qu’on appelle communément demi-terrain, qui consiste à s’arrêter et à débarquer les passagers à mi-chemin. Pour une course de Zando à Magasin-Kintambo, la course peut varier de 500 à 1.000 FC selon l’appréciation du chauffeur, disent certains clients. « Ils savent qu’aux heures de pointe, les gens ne vont pas trop discuter de prix pour une course et ils se font beaucoup d’argent en cette période de festivités », commente Charles.
Ligne 11
« Baza na kisakata mingi, nga nabeti nanga ligne 11 (Ils sont trop hautains, je fais la ligne 11, donc le pied) », décide Guelord, un vendeur des jouets pour enfants à Zando. Père de famille, Guelord habite la commune de N’Djili. En fait, la « ligne 11 », une métaphore en vigueur pour désigner la marche à pied à Kinshasa.
Des voitures restent bloquées du boulevard Sendwe à l’autre de Lumumba. Elles avancent à pas de tortue. Au trottoir, des centaines de personnes font les cent pas. « Au lieu de me tracasser à trouver un taxi-bus ou une moto où on va me taxer un prix exorbitant, vaut mieux faire la ligne 11. Et après tout, je rentre chez moi », souligne Junior, la trentaine et fonctionnaire.
A Kinshasa, la scène se répète quotidiennement aux heures de pointe et des mouvements pendulaires des personnes venues de différentes contrées de la capitale congolaise, qui envahissent le marché central Zando dans l’espoir de trouver quelques articles pour les festivités de fin d’année.
Ali Maliki