Des bars, maisons, bâtiments… Plusieurs constructions anarchiques ont été détruites dans le cadre d’une opération d’assainissement de la ville de Kinshasa, capitale congolaise, dénommée « Coup de poing » lancée par le gouvernement provincial. Mais des victimes sont en détresse.
Avenue de la Libération, ex24 Novembre, commune de Selembao, centre de Kinshasa, lundi 13 février. Un bulldozer rase tout à son passage. Bâtiment et maisons, construits le long de cette route, sont réduits en poussière. Sous les regards contrariés de leurs occupants, des autorités, des curieux et des passagers. Les yeux larmoyants, certains sont inconsolables. Ils pleurent, tournent sur le sol, multiplient de vaines paroles, accusent les autorités.
La cinquantaine révolue, Nana, stupéfait, voit sa parcelle et son bar détruits. En larmes, elle confie avoir ses biens.
« Les autorités ne nous ont pas averties. Nous savons que cette route appartient à l’État et que personne n’est dessus de la loi. Mais ils viennent démolir nos maisons sans nous informer au préalable. Nous avons perdu d’objets de valeur qui se trouvaient à l’intérieur de la maison. Même l’argent est parti, se plainte-t-elle. « Depuis que je suis née, je n’ai jamais vu ça ».
« Je pose une question au gouverneur Nngobila. Il a détruit le grand-marché de Kinshasa (Zando) jusque-là, les travaux ne sont pas finis. Maintenant, il le fait dans tout Kinshasa ? », s’interroge John, chauffeur d’un dépôt pharmaceutique, dont le bâtiment a été détruit.
A Kinshasa, cette opération divise. Si certains propriétaires pleurent leur propriété, d’autres personnes saluent cette opération. Pour eux, il faut remettre dans la ville. « On ne dirige pas un pays avec des émotions. Si aujourd’hui la Chine a évolué, c’est parce que Mao était dur. Aujourd’hui, regardez les routes, où passent des véhicules, sont transformées en marché », affirme un habitant de Kinshasa.
Pour Fabrice, ces maisons ont été construites dans une zone cadastrale. « Nous n’avons pas la culture de lire. Nous voyons tous bien qu’il est écrit zone à exproprier. Voilà le sort de construire près de la chaussée. Ils ont détruit leurs constructions », dit-il.
Selon Mme Nana, une délégation de victimes a été dépêchée à l’hôtel de ville pour échanger avec Gentiny Ngobila, gouverneur de Kinshasa. Mais le gouverneur affirme qu’ils attendent détruire toutes les constructions anarchique, décriées à Kinshasa.
« Le président de la République nous a instruit à détruire toutes les constructions anarchiques », a-t-il déclaré après la destruction d’un bar construit sur un caniveau dans la commune de Lemba, situé dans l’ouest de Kinshasa. En fait, l’opération coup de poing vise à assainir les artères principales, les avenues, empêcher les gens de vendre à même le sol, éradiquer les garages et les marchés de fortune, selon les autorités.
Raymond Nsimba