« Le flatteur qui a pris la décision de censurer cette chanson a cru vouloir rendre un bon service à Félix Tshisekedi. Mais, il se trompe. Il vient de rendre un très mauvais service au président », a déclaré Dimitri Kayembe. En RDC, la décision d’interdiction de diffusion du clip “Nini Tosali te” du groupe Musique populaire de la révolution (Mpr) fait polémique. Depuis mardi 9 novembre, cette décision alimente les débats sur les réseaux sociaux.
« Pourquoi laisser la chanson Bord ezanga mbumba (ndlr La chose qui manque de fruit) et censurer ‘Nini tosalite’, une chanson qui éveille la conscience des jeunes ? », s’interroge Donke Kar, étudiant congolais. « Une chanson qui relate le quotidien difficile des populations et milite pour l’amélioration du bien-être ne constitue un danger ni pour le pouvoir ni pour les institutions en place. Il faut laisser la jeunesse exprimer leurs inquiétudes et désidératas », ajoute-il.
« L’État de droit doit prévaloir », dit Passy Nsawela, qui se réclame fan de la chanson. L’Union pour la démocratie et le progrès (Udps), parti présidentiel, a qualifié « cette décision d’impopulaire ». La délégation de l’Union européenne en RDC a dénoncé la violation de liberté artistique après cette mesure.
« J’ai comme l’impression que les ténors du pouvoir actuel n’ont rien appris du régime passé. Soit ils ont appris, mais posent des actes pour voir quelle sera la réaction de l’opinion publique. Mais si cela est la stratégie, alors ne vous en faites pas, le paiement se fera en cash », a indiqué Carbone Beni, membre du mouvement Filimbi, dans un tweet.
Certains indiquent que le groupe Mpr devrait se conformer à la procédure. « La commission de censure est légale et aux artistes de s’y conformer. Je ne vois pas le problème », dit Popol Kamba. Mais Didier Kelokelo, président de la commission de censure, affirme que ce clip n’a été pas censuré. D’après lui, c’est une suspension temporaire qui pourrait être levée dans les prochains jours.
« Le gouvernement n’a fait censurer aucune chanson. Le gouvernement n’a pas des prérogatives pour demander la censure d’une quelconque chanson d’aucune manière. Nous nous tenons à l’exercice de la liberté d’expression sous réserve de la loi », a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais.
Asaph Mawonda